Mgr Henri Tessier invite à tenir compte de la capacité des cultures différentes à entendre les messages | La-Croix.com - France

Mgr Henri Tessier invite à tenir compte de la capacité des cultures différentes à entendre les messages | La-Croix.com - France

Mgr Henri Tessier, archevêque émérite d'Alger, a accordé une longue interview au Huffington Post Maghreb, au sujet de la caricature de Mohammed publiée à la Une du dernier Charlie Hebdo et des manifestations qui ont suivi dans le monde musulman.

Dans cet entretien publié jeudi 29 janvier, Mgr Tessier évoque les violentes manifestations du Niger, « où une petite minorité chrétienne, qui vivait dans une relation riche quotidiennement avec la très grande majorité musulmane, se retrouve avec 45 églises brûlées et plusieurs personnes tuées, à cause de gens sans conviction religieuse qui prennent une position à Paris ».

» Lire aussi : Mgr Michel Cartatéguy, à Niamey : « Il n'y a aucune semence de haine dans nos cœurs »

« Du côté des musulmans, il fallait trouver un adversaire contre lequel exprimer son ressentiment, explique l'archevêque émérite d'Alger. Le seul adversaire présent, c'est l'Église ou l'ambassade de France avec son Institut français. De l'autre côté, les journalistes français ne se posent pas le problème de la relation avec les religions puisqu'ils considèrent que ce sont des structures dépassées. »

Mais au-delà de ces réactions, Mgr Tessier perçoit des « aspects positifs », avec « une accélération de l'interrogation chez ceux qui veulent faire progresser cette relation entre chrétiens et musulmans ; ou même, tout simplement, de faire progresser une appartenance identitaire à l'islam qui ne soit pas une appartenance "contre" mais une appartenance "pour" mettre en évidence les valeurs reçues et non pas pour attaquer les autres groupes ».

En cause, « le déficit en relations vraies entre chrétiens et musulmans »

Interrogé sur les limites de la liberté d'expression, Mgr Tessier, souligne le fait que celle-ci « doit tenir compte de la capacité des cultures différentes à entendre les messages ». Pour lui, « le déficit en relations vraies entre les gens de tradition chrétienne et les gens de tradition musulmane en Europe n'a pas permis de comprendre la sensibilité de l'autre. Il est évident que ceux qui ont des relations personnelles avec les familles musulmanes comprennent très vite que la vie de ces familles est commandée par des convictions qui ont traversé les siècles et qu'on ne peut pas agresser sans blesser profondément la personne. »

Pour permettre cette compréhension mutuelle, il invite à « multiplier les lieux de rencontres vraies entre les personnes nées dans des sociétés chrétiennes et puis les sociétés de tradition musulmane ».

Pas d'affrontement mais évolution

L'archevêque émérite d'Alger souligne également la réaction du ministre algérien des affaires religieuses, Mohamed Aïssa, adressée à la communauté musulmane elle-même : « Nous avons reçu des courants musulmans qui nous sont venus du Moyen-Orient et qui ne correspondent pas à nos traditions. Revenons à l'islam de Cordoue », cite-t-il.

Pour Mgr Tessier, cette déclaration signifie qu'il ne s'agit « pas d'un affrontement entre le monde chrétien et le monde musulman mais d'une évolution de l'islam algérien et d'un appel à retourner aux origines de l'islam maghrébin qui a une autre histoire symbolisée aussi, au niveau de la réussite culturelle, par ce qui s'est passé en Andalousie. »



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Apologie du terrorisme : un enfant de 8 ans entendu par la police - Le Point

Apologie du terrorisme : un enfant de 8 ans entendu par la police - Le Point
Un enfant de 8 ans entendu par la police pour "apologie du terrorisme".

Pendant 30 minutes, un écolier de 8 ans a été entendu dans un commissariat de Nice, ce mercredi. La raison ? Il aurait proféré des propos radicaux de solidarité envers les terroristes, dans l'enceinte de son école primaire, a-t-on appris de source policière. L'enfant a refusé d'observer une minute de silence et de participer à une ronde de solidarité dans son école primaire, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique Marcel Authier. Selon son instituteur, il a aussi tenu des propos de "solidarité" avec les terroristes qui ont attaqué Charlie Hebdo. Le père de l'enfant est venu à plusieurs reprises à l'école.

ÉCOUTEZ le compte-rendu de Fabienne Lewandowski, directrice adjointe de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, au micro de BFMTV :


"Dans le contexte actuel, le directeur de l'école a décidé de signaler ce qui s'est passé à la police", précise le commissaire Authier, en notant qu'il ne s'agit aucunement d'une plainte. "On a convoqué l'enfant et son père pour essayer de comprendre comment un garçon de 8 ans peut être amené à tenir des propos aussi radicaux", explique M. Authier. L'enfant a été entendu pendant 30 minutes, puis a joué avec des jouets pendant l'audition de son père, civilement responsable.

Le père et le fils sont choqués

"Visiblement, l'enfant ne comprend pas ce qu'il a dit. On ne sait pas où il est allé chercher ses propos", selon le directeur départemental de la sécurité publique. L'avocat de l'enfant, Me Sefen Guez Guez, qui n'était pas joignable mercredi soir, a tweeté sous le pseudonyme "S. Ibn Salah" deux séries de questions-réponses entendues durant l'audition. L'enfant dit notamment ne pas connaître la signification du mot terrorisme.

ÉCOUTEZ Me Sefen Guez Guez, l'avocat de l'enfant, au micro de BFMTV :


"Le père et son fils sont profondément choqués d'un tel traitement qui illustre l'hystérie collective dans laquelle la France est plongée depuis début janvier", a estimé dans un communiqué le Collectif contre l'islamophobie en France.



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La liberte de dire et de ne pas dire



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Jusqu’où les catholiques peuvent-ils soutenir la liberté d’expression ? | La-Croix.com

Jusqu'où les catholiques peuvent-ils soutenir la liberté d'expression ? | La-Croix.com
25/1/2015-Jusqu'où les catholiques peuvent-ils soutenir la liberté d'expression ?

La 19e édition des Journées d'Études François de Sales, les 22 et 23 janvier à Annecy, a permis aux journalistes de la presse chrétienne de revenir sur les attentats contre « Charlie Hebdo », et la manière dont il en a été rendu compte.

Parmi les invités, François Sureau, avocat, prix 2011 des écrivains croyants, analyse à quelles conditions des médias catholiques peuvent traiter l'événement

« L'actualité que nous traversons devrait conduire les catholiques à dépasser l'événement, à sortir de l'émotion, pour aider à la réalisation du bien commun, ce à quoi la doctrine même de l'Église nous appelle.

En apparence, les catholiques peinent à trouver leur place dans un monde où les problématiques du Salut tendent à s'affadir. En réalité, si l'Esprit est à l'œuvre, il faut savoir en discerner les signes.

> À lire aussi : Après Charlie Hebdo, le temps de la réflexion

Du côté de la liberté

Prenez Voltaire, dont on a beaucoup parlé à propos de Charlie Hebdo. Voltaire a tort s'il dit qu'il n'existe pas de vérité qui vaille. Il a raison lorsqu'il dit qu'en tout état de cause nulle vérité ne peut recourir à la contrainte étatique ou sociale. Voltaire a fait progresser le monde, et les adeptes d'une foi fondée pour l'essentiel sur la libre réponse à un appel personnel devraient s'en souvenir.

Les catholiques doivent donc se situer résolument, comme Maritain l'avait bien vu lors de la dernière guerre, du côté de la liberté quels que soient les excès possibles de ses manifestations.

> À lire également : Mgr Michel Cartatéguy, à Niamey : « Il n'y a aucune semence de haine dans nos cœurs »

À la fois dedans et dehors

Mais d'un autre côté, ils ne peuvent se satisfaire d'une liberté pour elle-même, dont l'exercice dispenserait de juger de ses effets. Et ces effets doivent être rapportés à ce qui compte avant tout : l'émancipation de la personne humaine, dans les conditions matérielles où elle vit.

Nous serons du côté, bien sûr, des défenseurs des droits de l'homme : mais la « religion des droits de l'homme » n'est pas la nôtre, non plus qu'aucune autre idolâtrie, de la nation, de l'État ou du marché.

L'espérance est à chercher sur ce chemin-là : la participation résolue des catholiques à la définition d'un projet national qui serve l'émancipation de la personne, en s'appuyant d'abord sur la liberté, en premier lieu la liberté de conscience.

Cette participation est exclusive de toute revendication « culturelle », de toute contrainte. De tout espoir aussi de voir se réaliser ici-bas la cité idéale. C'est le paradoxe du chrétien, d'être à la fois dedans et dehors, révolutionnaire et conservateur, prêt à aider mais se méfiant des idoles que les hommes ne cessent d'adorer à la place du Dieu absent. »



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La liberté d'expression doit s'acccompagner de réalisme et de prudence



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Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 19 janvier 2015 22:44:23 UTC
La liberté d'expression doit s'acccompagner de réalisme et de prudence
Le pape François explique ses propos sur le vol Colombo-Manille

Anita Bourdin

ROME, 19 janvier 2015 (Zenit.org) - La liberté d'expression doit s'acccompagner de réalisme et de prudence, estime le pape François, au risque de provoquer une "réaction injuste".

Il s'est expliqué sur ses propos du vol Colombo-Manilledans l'avion qui l'a ramené, ce 19 janvier, de Manillel à Rome, en répondant aux questions de la presse.

Il avait parlé d'un "coup de poing" à celui qui insulterait sa mère. En aucun cas il ne s'agit d'une justification encore moins d'un feu vert donné à cette réaction "naturelle": "En théorie", on pense tous qu'il ne faut pas répondre à une provocation, fait observer le pape. Mais "en réalité", constate-t-il, "nous sommes tous humains".

C'est ainsi, explique-t-il, qu'une offense répétée peut entraîner une réaction. Il invite donc au réalisme et à la prudence, à ne pas "provoquer continuellement".

"Je ne peux pas insulter, provoquer continuellement une personne, car je risque de l'énerver, je risque de provoquer une réaction injuste. C'est humain. La liberté d'expression doit donc tenir compte de la réalité humaine et doit donc être prudente", a explique le pape François.

Sur le vol Colombo-Manille, le 15 janvier, le pape avait avoqué la liberté d'expression et de religion.

Il avait insisté: "On ne peut pas tuer au nom de Dieu. Tuer au nom de Dieu est une aberration. Je crois que c'est la chose principale sur la liberté de religion: on doit le faire librement, sans offenser, mais sans imposer et sans tuer."

Pour la liberté d'expression, le pape est tout aussi clair: c'est non seulement un droit mais une "obligation" morale. Avec une limite: "ne pas offenser la foi de l'autre", ne pas s'en "moquer".

Le pape François s'expliquait sur la limite à cette liberté d'expression qui n'est donc pas un absolu: "La liberté d'expression. Chacun a non seulement la liberté, le droit mais il a aussi l'obligation de dire ce qu'il pense pour aider le bien commun. L'obligation. Pensons à un député, à un sémanteur: s'il ne dit pas ce qu'il pense être le vrai chemin, il ne collabore pas au bien commun. Et pas seulement eux, beaucoup d'autres. Nous avons l'obligation de parler ouvertement, d'avoir cette liberté, mais sans offenser. Parce que c'est vrai, on peut réagir violemment (...). On ne peut pas provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi. Dans un discours, je ne me souviens plus très bien où, le pape Benoît avait parlé de cette mentalité post-positiviste, de la métaphysique post-positiviste qui finit par conduire à croire que les religions ou les expressions religieuses sont une sorte de sous-culture, qu'elles sont tolérées, mais sont peu de chose, elle ne font pas parltie de la culture des Lumières. C'est un héritage des Lumières. Tant de gens parlent mal des religions, s'en moquent, disons "jouent" avec la religion des autres.(...) C'est une limite: toute religion a sa dignité, toute religion qui respecte la vie humaine, la personne humaine. Je ne peut pas m'en moquer. Et c'est une limite. J'ai pris cet exemple de la limite pour dire que dans la liberté d'expression il y a des limites (...)."

La totale liberte d'expression est-elle possibke?



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Le Veilleur de Ninive

Le Veilleur de Ninive


La "totale" liberté d'expression est-elle possible ?

Posted: 19 Jan 2015 11:30 AM PST

Avec un peu de recul par rapport aux deux attentats survenus, à Paris, le 7 janvier 2015, nous nous sommes interrogés sur la mesure de la liberté d'expression en nous appuyant sur le simple bon sens en se posant de simples questions.  

Lorsque le Président Hollande s'adresse à ses interlocuteurs, dit-il tout ce qu'il souhaiterait exprimer ? N'impose-t-il aucun filtre au contenu de ses discours ? Lorsque ce même Président, ou son Premier-Ministre, s'adressent à la Nation, communiquent-t-ils au peuple tout ce que bon leur semble, ou bien revoient-ils leurs copies avant de prendre la parole, pour ne commettre ni erreurs, ni impairs ?

Lorsque vous lecteur, vous vous adressez à des interlocuteurs, parlez-vous en toute liberté ou bien veillez-vous à vos affirmations ? Lors de vos entretiens avec des interlocuteurs non familiers, prenez-vous la liberté de tout leur assainer ? Au sein même de vos familles, parlez-vous de façon inconsidérée à vos proches ou bien restez-vous prudent à l'égard de vos paroles, pour ne pas blesser ou offenser ?

Pourquoi le journal Charlie-Hebdo aurait-il été dispensé de cette prudence et auto-censure, que chacun d'entre-nous s'impose naturellement en certaine circonstances ? Ce n'est pas que le journal ait commis une simple « erreur de communication » à l'occasion d'un tirage. Durant des années, il s'est acharné sur certaines croyances, négligeant d'ailleurs, d'en pourfendre d'autres….  

La leçon de cette malheureuse expérience de Charlie-Hebdo est que la « totale » liberté d'expression n'a jamais existé, qu'elle n'existe toujours pas et qu'elle n'existera jamais. Que personne ne s'illusionne.

A cet égard, lorsque le Veilleur de Ninive écrit, il s'impose le respect de toutes les personnes , même des plus inhumaines qu'il dénonce….S'imposer le respect ne serait-ce que sur la forme, c'est conserver sa propre humanité et donner à l'autre, qu'on critique, dénonce ou pourfend, une chance de retour à l'humanité. Toute autre approche est destructrice et génératrice de haine. 

Le Veilleur de Ninive

Caricaturer Dieu - GARRIGUES ET SENTIERS

Caricaturer Dieu - GARRIGUES ET SENTIERS
Caricaturer Dieu

Les Musulmans sont outrés de caricatures qu'un journal a produites du prophète Mahomet. Les Chrétiens se sont mobilisés récemment pour faire interdire telle affiche publicitaire dont la composition rappelait le tableau de Vinci représentant la Cène.

Il n'est pas question ici d'entrer dans la complexité du débat, mais de rappeler un fait fondamental pour les Chrétiens : le Christ a assumé la caricature qu'on a faite de lui, pour en faire un paradoxal lieu de victoire.

Les Chrétiens ont pris comme insigne de leur foi l'objet même de la dérision infligée au Christ : la croix. La croix est moqueuse : elle annonce la peine infamante, la basse extraction du condamné; elle porte sarcastiquement le motif de la condamnation : Jésus de Nazareth roi des Juifs.

La croix signale un lieu où l'on peut venir se gausser impunément : « Sauve-toi toi-même », « Descends donc » chantonnent les imbéciles de tout poil à l'adresse du crucifié. La croix est une caricature : avec ses grands bras, sa trop longue jambe, elle parodie le corps ; elle porte la carcasse écartelée d'un homme qui a dû auparavant – quelle ironie – la transporter lui-même. Elle représente toute la bouffonnerie meurtrière qui a conduit à la crucifixion : la couronne d'épines qui fait de Jésus un roi dérisoire, les insultes des soldats qui ont revêtu Jésus d'un manteau grotesque, les fausses révérences assorties de coups, la parodie de procès, les mensonges…

La pensée chrétienne, dès les premiers siècles, est allée dans le sens de plus de caricature encore pour subvertir la caricature. La croix qui ridiculise et qui fait honte, on l'appelle dans la tradition chrétienne le sceptre du roi, le trône du triomphateur, le siège de la justice, l'arbre de la vie, l'arbre de la connaissance, le drapeau de la victoire, le trophée glorieux, la seule espérance et bien d'autres noms encore.

Le billet « roi des Juifs », écrit pour railler Jésus, est repris dans la liturgie comme l'aveu d'un credo irrépressible : c'est bien vrai, Jésus est le roi, fils de David, et sa croix est la souche de Jessé, père de David, laquelle devait porter un sauveur d'Israël.

Caricature, ironie grinçante, humiliation, dérision : rien de tout cela n'est évité, mais tout est assumé et transfiguré de l'intérieur. Pour les Romains, qui entendaient les premiers Chrétiens revendiquer la croix du Christ comme un insigne de victoire, c'était indécent. Ils se disaient que vraiment les propos des Chrétiens étaient blasphématoires : prétendre que la croix, objet de justice et d'humiliation légale, pouvait être chantée et magnifiée comme un objet de vénération, c'était pour eux impensable, insupportable. On atteignait là le renversement complet : finalement, c'étaient les Chrétiens qui passaient pour caricaturaux et impudents en assumant sans complexe comme une « cause de joie » ce qui est prévu pour déshonorer.

Reprendre la caricature comme emblème de gloire : c'est une ironie profonde, un humour théologique qui fait reculer la mort.

La foi des Chrétiens se fonde sur cette certitude que rien n'entame finalement un être humain. La chair faible, piétinée, méprisée est le lieu d'où jaillit une vie plus forte que tout. Les Chrétiens n'ont pas peur de la caricature. Caricaturer le Christ ? Mais c'est déjà fait et cette caricature, je viens de le dire, a été assumée au point de devenir l'expression même de la foi : la croix, le corps supplicié, les mentions moqueuses de la royauté sont reprises, répétées, multipliées, elles sont même affirmées comme vraies, comme bienvenues, comme l'exact énoncé de ce qu'on voulait dire.

Je ne prétends pas répondre à tout ce qu'on peut dire sur les caricatures du Christ et de la religion chrétienne. Je veux affirmer ici qu'un Chrétien n'a pas à avoir peur des dessins burlesques et des paroles irrévérencieuses. Le Christ est plus fort et se rit des rieurs, bien plus il transfigure les outrances pour manifester l'excès de sa vie glorieuse. Cela ne veut certes pas dire que tout doive être accepté et applaudi sans discernement, mais cela développe un certain style, une façon d'être : on ne pousse pas les hauts cris à tous bouts de champs, on ne demande pas tout le temps à être protégés de ceux qui disent des vilaines choses.

Un jour, je me trouvais à la sortie d'une messe d'ordination. Une dame passe et me voyant, moi et d'autres frères en habit religieux, elle me demande ce qui arrive. Je lui dis que des religieux dominicains viennent d'être ordonnés prêtres. C'était une époque où l'on parlait beaucoup de prêtres pédophiles; cette femme me dit alors avec une ironie venimeuse : « Des prêtres ? Alors il devait y avoir beaucoup de petits enfants tout près d'eux ». Je lui ai répondu du tac au tac : « Des enfants ? Je ne sais pas. Mais en votre absence, il y avait moins d'imbéciles ». « Comment osez-vous ? » m'a-t-elle dit. « C'est moi d'abord qui doit vous poser la question » lui répondis-je.

Quand on suit le Christ, on apprend aussi à vivre avec la dérision, la caricature, le mépris. Et – c'est à mon sens un don de l'Esprit saint – il arrive que l'on puisse jouer avec les mots mêmes qui étaient censés tuer, les retourner et en faire une occasion de triomphe.

Philippe Lefebvre 06 09

Philippe Lefebvre né en 1960, dominicain, agrégé et docteur ès lettres,
est professeur d'Écriture sainte à l'Université de Fribourg (Suisse)



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Après Charlie Hebdo, le temps de la réflexion | La-Croix.com

Après Charlie Hebdo, le temps de la réflexion | La-Croix.com
Sele ction d'articles de find sur la question de charlie hebdo , dans la Croix du 16/1/2015
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Apres-Charlie-Hebdo-le-temps-de-la-reflexion-2015-01-16-1268709?xtor=EPR-9-%5B1300773866%5D

NOTRE SÉLECTION

« Ne remplaçons pas la réflexion par l'émotion », conseillait, le 12 janvier, Régis Debray dans un entretien à La Croix. C'est, au long et après toutes ces journées hors du commun, ce que le journal La Croix s'est efforcé de faire.

Une fois passée l'émotion causée par l'horreur de ces attaques au cœur de la capitale, une fois rendu compte du sentiment d'unité nationale qui a gagné la France le 11 janvier, la réflexion s'impose : que va devenir ce « sursaut national » observé après les attentats ? Comment nos démocraties peuvent-elles concilier liberté et sécurité, dans un contexte de mondialisation du terrorisme ? Quelle peut-être la place de l'islam en France, doit-on repenser les termes de la laïcité ? Que disent les événements et les réactions qui ont suivi des difficultés de l'intégration d'une partie de la jeunesse française ?

Voici une sélection parmi les articles de fond publiés ces derniers jours. Sachant que dans les prochains jours, d'autres aspects, comme le financement international du terrorisme, les défis posés à l'éducation nationale, ou encore les secousses géopolitiques, seront traités.

 

 Régis Debray : « Ne remplaçons pas la réflexion par l'émotion » 

 Moment national, par Bruno Frappat 

 Attentat contre Charlie Hebdo, la laïcité en question 

 La lente disparition du blasphème dans la loi n'épuise pas le débat 

 La liberté d'expression, un droit presque absolu 

 Opinion de Chantal Delsol : Plaidoyer pour la décence 

 Charlie Hebdo : « une liberté sans bornes ne saurait être légitime » 

 Islam en France : « Nous n'avons pas été à la hauteur du défi de l'intégration » 

Retrouvez l'ensemble de notre dossier sur Charlie Hebdo



Envoyé de mon Ipad 

La colère du monde musulman contre la caricature de Mahomet par Charlie Hebdo

La colère du monde musulman contre la caricature de Mahomet par Charlie Hebdo
Au Niger, quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées à Zinder, deuxième ville du Niger. Le Centre culturel français a été incendié et trois églises saccagées par les manifestants.

Du Pakistan à l'Algérie, en passant par le Sénégal et le Niger, des milliers de personnes ont manifesté après la prière du vendredi contre la publication de la caricature de Mahomet en «une» de Charlie Hebdo.

Des milliers de personnes ont manifesté dans l'ensemble du monde musulman après la prière du vendredi contre la publication par Charlie Hebdo d'un dessin représentant le prophète Mahomet, des protestations émaillées de violences au Niger et au Pakistan. Quatre personnes sont mortes et 45 ont été blessées vendredi à Zinder, deuxième ville du Niger, dans les manifestations contre la caricature de Mahomet en Une du dernier numéro de Charlie Hebdo, publiée par les collègues des victimes d'un attentat djihadiste le 7 janvier à Paris. Toujours à Zinder, le Centre culturel français a été incendié et trois églises saccagées par les manifestants. Des manifestations contre les caricatures ont également touché plusieurs pays musulmans, cinq jours après la «marche républicaine» qui a réuni plus d'un million de personne et une cinquantaine de chefs d'Etat ou de gouvernement à Paris sous le slogan «Je suis Charlie».

A Karachi (sud du Pakistan), la manifestation a tourné à la confrontation avec la police lorsque des protestataires ont tenté de s'approcher du consulat de France et un photographe pakistanais de l'Agence France-Presse (AFP) a été grièvement blessé.

A Nouakchott (Mauritanie) et Dakar, un drapeau français a même été brûlé. S'adressant à la foule de plusieurs milliers de personnes, le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a condamné à la fois le «terrorisme» et les «viles caricatures». A Dakar, un millier de personnes ont scandé des slogans à la gloire du prophète Mahomet et contre Charlie Hebdo. Au Mali, plusieurs milliers de personnes ont dénoncé un «affront à l'islam» alors que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, a manifesté dimanche à Paris aux côtés de François Hollande. «IBK est Charlie, je ne suis pas Charlie», «L'islam victime du terrorisme international», «Le prophète ne doit pas être caricaturé», étaient les slogans scandés dans la foule. «La France nous a aidés, c'est vrai. Mais elle n'a pas le droit de mépriser ma religion», a déclaré Almahoud Touré, 36 ans, faisant allusion à l'engagement militaire de la France au Mali depuis janvier 2013 pour chasser des groupes djihadistes liés à al-Qaida.

«Je suis Kouachi»

A Alger, 2000 à 3000 manifestants se sont rassemblés, selon un journaliste de l'AFP. Détournant le slogan «Je suis Charlie», certains scandaient «Nous sommes tous des Mahomet» ou encore «Je suis Kouachi», du nom des frères Kouachi, les djihadistes ayant attaqué le journal satirique français. Des affrontements ont éclaté quand des manifestants ont tenté de forcer un cordon de policiers armés de matraques qui protégeaient le siège de l'Assemblée nationale. Plusieurs interpellations ont eu lieu.

Les frères Kouachi, abattus par la police française deux jours après avoir tué douze personnes au siège de Charlie Hebdo, ont également été honorés à Istanbul. Une centaine de personnes se sont réunies devant la mosquée du district de Fatih, devant une banderole arborant leur portrait et celui du chef d'al-Qaida Oussama Ben Laden. A Amman, 2.500 manifestants ont défilé sous haute surveillance et dans le calme, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire «l'atteinte au grand Prophète relève du terrorisme mondial».

A la «une» du numéro sorti après la tuerie qui a décimé sa rédaction, Charlie Hebdo a publié mercredi un dessin de Mahomet la larme à l'oeil et tenant une pancarte «Je suis Charlie». Le roi Abdallah II de Jordanie, qui avait participé dimanche à la marche de Paris, a qualifié jeudi Charlie Hebdo d'«irresponsable et d'inconscient». Le site sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, a été le lieu d'une manifestation de quelques centaines de Palestiniens. «Français, bande de lâches», ont scandé des manifestants.

Insulte aux religions

A Tunis, des fidèles ont quitté la mosquée el-Fath pour signifier leur désaccord avec un imam, ancien ministre des Affaires religieuses. «Nous sommes contre toute atteinte à notre Prophète mais cela n'est pas une excuse pour tuer les gens,» prêchait-il, à quoi ils ont rétorqué que les journalistes de Charlie Hebdo «méritaient d'être tués». A Khartoum (Soudan), quelques centaines de fidèles ont brièvement manifesté après la prière, réclamant des excuses du gouvernement français. L'Union mondiale des oulémas, dont le siège est au Qatar et qui est dirigée par le prédicateur Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des «manifestations pacifiques» et critiqué le «silence honteux» de la communauté internationale sur cette «insulte aux religions». Les autorités de ce pays, qui avaient fermement dénoncé l'attentat contre Charlie Hebdo, ont «condamné la nouvelle publication de dessins offensants», soulignant que cela alimentait «la haine et la colère».

En Iran, une manifestation de protestation prévue samedi par des étudiants islamistes a été annulée sans raison officielle. Selon l'agence de presse Fars, les organisateurs ont toutefois annoncé que le rassemblement aurait lieu lundi devant l'ambassade de France à Téhéran, sous réserve d'obtenir l'aval des autorités. En Syrie, des milliers de personnes sont descendues dans la rue dans les zones contrôlées par les rebelles et les djihadistes en demandant à ce que s'arrête «l'offense au sentiment religieux», selon une ONG syrienne.



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Satire et droit à l’humour, un si long combat judiciaire | Chroniques judiciaires

Satire et droit à l'humour, un si long combat judiciaire | Chroniques judiciaires
Satire et droit à l'humour, un si long combat judiciaire

Le texte mériterait d'être affiché, étudié, débattu dans toutes les écoles de France, aux côtés de la Déclaration des droits de l'homme et du ­citoyen de 1789. Une dizaine de ­pages, celles du jugement rendu le 22 mars 2007 par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire des caricatures de Mahomet, constituent une magistrale leçon d'instruction civique.

Elles s'ouvrent sur ce rappel solennel : « Attendu qu'en France, ­société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions quelles qu'elles soient et avec celle de représenter des sujets ou objets de vénération religieuse ; que le blasphème, qui outrage la divinité ou la religion, n'y est pas réprimé (…) ". Elles concluent : « Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures, que nul n'est obligé d'acheter ou de lire (…) ; que toute caricature s'analyse en un portrait qui s'affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique (…) ; que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions (…) ; qu'ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans ; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées. »

Le journal, qui était poursuivi pour « injure envers une religion » par deux associations musulmanes, est donc relaxé. Le jugement est confirmé un an plus tard par la cour d'appel de Paris. Il dit deux siècles d'histoire nationale, de tensions politiques et religieuses qui ont bâti, pierre après pierre, la forteresse de la ­liberté d'expression et son pendant, le droit à l'humour et à la caricature.

La Révolution française l'avait proclamée avant de l'étouffer bien vite. L'Empire puis la Restauration n'ont cessé de lui fixer des limites. Dans les années 1830, Honoré Daumier, Charles Philipon – avec ses dessins de poires représentant le roi Louis-Philippe – sont condamnés à des peines de prison ferme pour leurs caricatures.

Louis-Philippe par Philipon

Louis-Philippe par Philipon

La loi de 1835, préparée par Adolphe Thiers, alors ministre de l'intérieur, accorde à la caricature le statut protecteur de « genre littéraire », mais prévoit que « l'offense au roi, lorsque elle a pour but d'exciter à la haine ou au mépris de sa personne ou de son autorité constitutionnelle, est un attentat à la sûreté de l'Etat ».

Cinquante ans plus tard, la loi sur la liberté de la presse de 1881, votée sous la IIIe République, encadre très strictement l'irrévérence entre les bornes de l'injure, de l'atteinte aux bonnes mœurs, de l'offense au président de la République ou aux chefs d'Etat étrangers et du droit à l'image.

Il faut enjamber le siècle et deux guerres pour qu'une autre révolution, celle de mai 1968, fasse franchir un pas décisif à la ­liberté d'expression et au droit à l'humour. « Ce sont bien Cabu, Wolinski et les autres qui, les premiers, ont porté l'outrance et l'irrévérence dans des dessins jusqu'alors proscrits, car considérés comme trop vulgaires ou licencieux », ­observe l'avocat spécialiste du droit de la presse Basile Ader.

C'est d'ailleurs à Charlie Hebdo que l'on doit un attendu de principe qui a aujourd'hui force de loi, souligne l'avocat : il figure dans un arrêt rendu en 1991 par la cour d'appel de Paris, selon lequel « on doit tolérer l'inconvenance grossière et provocatrice, l'irrévérence sarcastique sur le bon goût desquelles l'appréciation de chacun reste libre, qui ne peuvent être perçues sans tenir compte de leur ­vocation ouvertement satirique et humoristique, qui permet des exagérations, des déformations et des présentations ironiques ».

La caricature, qui vient étymologiquement du verbe italien caricare (« charger »), est une charge, rappelle l'avocat Frédéric Gras dans un article très documenté, « La tradition française de protection de la caricature ». Parce qu'elle est forcément désagréable, voire douloureuse ou insupportable, le juge ne peut faire dépendre son appréciation de la susceptibilité de ­celui qui s'en estime victime, sauf à restreindre considérablement le principe de la liberté d'expression et le droit à l'humour. A rebours de ce que relevait en 1913 le juriste Henri Fougerol – le caricaturiste « s'attachera toujours à conserver le ton de la fine plaisanterie et de l'ironie gauloise » –, la jurisprudence née avec Charlie Hebdo admet que l'humoriste peut ne pas être drôle. La même précaution vaut pour le juge, qui n'a pas à se déterminer en fonction de sa propre susceptibilité. « Le juge n'est pas le juge du bon goût », observe Basile Ader.

C'est surtout à la Cour européenne des droits de l'homme que l'on doit la consécration du principe de la liberté d'expression. Dans un ­arrêt fondateur de 1976, elle souligne que « la liberté d'expression vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec ferveur ou considérées comme inoffensives, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'Etat ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance ou l'esprit d'ouverture, sans lesquels il n'y a pas de société démocratique ». C'est à cette aune que la 17e chambre juge chaque jour les plaintes qui lui sont soumises.

Mais si elles n'ont cessé de reculer, les frontières de la liberté d'expression et du droit à l'humour existent bel et bien. « La caricature et la satire étant par ­nature abusives, les limites du droit à l'humour doivent être considérées comme des abus d'abus», relève Me Basile Ader.

Pour les personnalités publiques, qui doivent admettre que la caricature est la contrepartie de la notoriété, les limites à ne pas franchir sont la diffamation, l'injure, l'outrage, le dénigrement ou l'atteinte à la vie privée. Les journaux satiriques disposent, à ce titre, d'une ­ « présomption humoristique », qui les protège ­davantage que les publications dites sérieuses.

L'humour ne saurait non plus servir à masquer ce que le droit appelle des « buts illégitimes », tels que la provocation à la haine raciale, l'injure faite à un groupe en raison de son ­appartenance religieuse, l'atteinte à la dignité humaine ou l'animosité personnelle.

Cette distinction subtile entre buts légitimes et illégitimes est au cœur des malentendus et de la polémique qu'entretiennent les partisans de Dieudonné. Pour les juges, la ligne jaune est franchie quand l'injure, même prononcée par quelqu'un revendiquant le statut d'humoriste, atteint une communauté « dans son ensemble ». Dans une décision rendue en 2007, la cour considère ainsi que les propos de Dieudonné – « Les juifs, c'est une secte, une escroquerie. C'est une des plus graves parce que c'est la première » – ne relèvent pas « de la libre critique du fait religieux, participant d'un débat d'intérêt général, mais constituent une injure visant un groupe de personnes en raison de son origine, dont la répression est une restriction nécessaire à la liberté d'expression dans une société démocratique ».

En 2006, les juges déboutent en revanche de leurs poursuites des associations catholiques qui s'estimaient injuriées par deux documents : une image représentant « sainte ­Capote », une religieuse aux épaules nues à côté d'un préservatif, et une affiche, parodie commerciale de La Cène de Léonard de Vinci. Dans les deux cas, les juges relèvent que ces documents, même s'ils avaient pu être ressentis comme offensants, n'ont pas « pour objectif d'outrager les fidèles de confession catholique, ni de les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience » et qu'en conséquence ils ne dépassent pas les limites de la ­liberté d'expression.

C'est le même raisonnement qui conduit, l'année suivante, la 17e chambre à relaxer Charlie Hebdo à propos de la publication de certaines caricatures de Mahomet. Ces caricatures, estime alors le tribunal, ne sont pas une injure raciale, car elles « visent clairement une fraction et non l'ensemble de la communauté musulmane ».

Mardi 6 janvier, les représentants des principaux cultes de l'Alsace et de la Moselle, dont l'islam, participaient à une audition commune à Paris devant l'Observatoire de la laïcité. A l'unanimité, ils ont demandé l'abrogation du délit de blasphème, une survivance du droit allemand resté en vigueur dans ces ­départements même après leur rattachement à la France en 1918. Ce délit, soulignaient-ils, est complètement tombé en désuétude. Le lendemain de cette réunion, les frères Chérif et Saïd Kouachi quittaient le siège de Charlie Hebdo, dont ils venaient de décimer la rédaction, en hurlant dans la rue : « On a tué Charlie, le Prophète est vengé. »

 

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D'étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo » - Les blogs du Diplo

D'étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo » - Les blogs du Diplo

http://blog.mondediplo.net/2015-01-12-D-etranges-defenseurs-de-la-liberte-de-la-presse
D'étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo »

Ils furent des millions de personnes à travers la France à défiler, samedi 10 et dimanche 11 janvier, après l'attentat contre Charlie Hebdo. Ils exprimaient leur immense émotion devant tous ces morts, mais aussi leur attachement à la liberté de la presse. Or cette célébration a été ternie — c'est le moins que l'on puisse dire — par la présence, en tête du cortège parisien, dimanche, de responsables politiques du monde entier dont le rapport avec la liberté de la presse est pour le moins ambigu. Nous n'évoquerons pas ici le fait que ces dirigeants, notamment occidentaux, ont une responsabilité directe dans la guerre contre le terrorisme lancée depuis une vingtaine d'années et dont le résultat essentiel a signifié plus de terrorisme et plus de chaos pour le monde arabo-musulman.

Lire « "Guerre contre le terrorisme", acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014.Nous n'en citerons que quelques-uns, parmi les plus emblématiques. Partons du communiqué de Reporters sans frontières (RSF) qui « s'indigne de la présence à la "marche républicaine" à Paris de dirigeants de pays dans lesquels les journalistes et les blogueurs sont systématiquement brimés, tels l'Egypte, la Russie, la Turquie, l'Algérie et les Emirats arabes unis. Au classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, ces pays sont respectivement 159e, 148e, 154e, 121e et 118e sur 180 ».

En Egypte, en plus des trois journalistes de la chaîne de télévision Al-Jazira emprisonnés depuis plus d'un an, des dizaines d'autres restent en détention (Lire Warda Mohammed, « Egypte, guerre ouverte contre le journalisme », Orient XXI, 3 juillet 2014. J'ai reçu moi-même un message de quatre d'entre eux (dont Abdallah Fakhrani) attendant, depuis plus d'un an, dans les geôles du régime, un éventuel procès (sur leur cas, lire ici, en arabe). Ce même jour où le ministre des affaires étrangères égyptien défile place de la République, une cour condamne à trois ans de prison un Egyptien pour athéisme.

Le site de 20 minutes écrit : « Symbole de l'aberration, le communiqué du ministère des affaires étrangères du Maroc annonçant sa présence à la manifestation, mais précisant "au cas où des caricatures du Prophète — prière et salut sur Lui —, seraient représentées pendant cette marche, le ministre des affaires étrangères et de la coopération ou tout autre officiel marocain ne pourraient y participer". »

Quant à la Turquie, elle a, ces derniers mois, intensifié la répression contre la presse [1]. Le président Recep Tayyip Erdogan a ainsi fustigé le bilan 2014 des violences contre les journalistes publié par Reporters sans frontières (RSF). A quoi l'organisation a répondu : « Reporters sans frontières tient à la disposition de M. Erdogan les précisions sur les 117 cas d'agressions et menaces de journalistes recensées cette année en Turquie, relève Christophe Deloire, secrétaire général de l'organisation. Faut-il rappeler que RSF est une organisation indépendante et impartiale, dont les conclusions s'appuient sur une méthodologie précise et des faits dont nous pouvons rendre compte ? (…) Les accusations contre RSF participent de la même hostilité contre le pluralisme que celle dont fait preuve le chef de l'Etat contre des journalistes turcs qui n'ont pas l'heur de lui plaire. »

Nous n'évoquerons pas ici les autres pays où la liberté de la presse est bafouée mais qui ne sont pas situés dans la zone couverte par ce blog. Un dernier mot concerne la venue de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, criminel de guerre « présumé », et de quelques-uns des ses ministre encore plus à l'extrême droite que lui, si c'est possible. Un texte publié dans Haaretz d'Ido Amin, ce 12 janvier (« In Israel, "Charlie Hebdo" would not have even had the right to exist »), faisait remarquer qu'un journal comme Charlie Hebdo ne pourrait pas exister en Israël. Et les journalistes palestiniens emprisonnés, sans parler de ceux qui ont été tués à Gaza par exemple, témoignent de la liberté de la presse « made in Israel ». Au demeurant, la présence de ces ministres est une insulte à toutes les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la manifestation, un hold-up qu'il est important de dénoncer.



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La liberté d'expression, non seulement un droit mais une obligation



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Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 15 janvier 2015 22:54:43 UTC+2
Destinataire: francaishtml@list.zenit.org
Objet: [ZF150115] Le monde vu de Rome


La liberté d'expression, non seulement un droit mais une obligation
Mais elle n'est pas absolue: on ne peut offenser la foi de l'autre

Anita Bourdin

ROME, 15 janvier 2015 (Zenit.org) - La liberté d'expression est non seulement « un droit humain » mais « une obligation » morale, affirme le pape François. Mais elle n'est pas absolue, elle a une limite: « On ne peut pas insulter la foi des autres ». Le pape François réaffirme en même temps: "On ne peut tuer au nom de Dieu", c'est "une aberration".

Le vol de Colombo à Manille a ouvert la seconde étape du voyage du pape en Asie (Philippines 15-19 janvier), ce 15 janvier 2015. Le pape a répondu durant 40 minutes aux questions des journalistes, notamment sur la liberté religieuse et la liberté d'expression, au lendemain des attentats de Paris contre la rédaction de Charlie Hebdo, contre une policière à Montrouge et contre un supermarché Cacher, Porte de Vincennes.

Tuer au nom de Dieu est une aberration

A propos de la liberté de religion, le pape ne va pas par quatre chemins, il redit sa conviction cent fois répétée: "Je crois que la liberté religieuse et la liberté d'expression sont toutes les deux des droits fondamentaux. On ne peut, je pense… Vous êtes français, allons à Paris, parlons clair! On ne peut cacher cette vérité que chacun a le droit de pratiquer sa religion, sans offenser, librement. Nous faisons ainsi, nous voulons tous le faire. Secundo, on ne peut pas offenser, faire la guerre, tuer au nom de sa religion, c'est-à-dire au nom de Dieu. Ce qui se passe maintenanent nous fait un peu… nous étonne. Mais pensons toujours à notre histoire: combien de guerres de religion nous avons eues! Pensez à la "nuit de la Saint-Barthélémy": comment comprendre cela? Nous sommes nous aussi pécheurs à ce sujet. Mais on ne peut pas tuer au nom de Dieu. Tuer au nom de Dieu est une aberration. Je crois que c'est la chose principale sur la liberté de religion: on doit le faire librement, sans offenser, mais sans imposer et sans tuer."

Ne pas offenser la foi de l'autre

Pour la liberté d'expression, le pape est tout aussi clair: c'est non seulement un droit mais une "obligation" morale. Avec une limite: "ne pas offenser la foi de l'autre", ne pas s'en "moquer".

Le pape François s'explique sur la limite à cette liberté d'expression qui n'est donc pas un absolu: "La liberté d'expression. Chacun a non seulement al liberté, le droit mais il a aussi l'obligation de dire ce qu'il pense pour aider le bien commun. L'obligation. Pensons à un député, à un sémanteur: s'il ne dit pas ce qu'il pense être le vrai chemin, il ne collabore pasa u bien commun. Et pas seulement eux, beaucoup d'autres. Nous avons l'obligation de parler ouvertement, d'avoir cette liberté, mais sans offenser. Parce que c'est vrai, on peut réagir violemment. Mais si le Dr Gasbarri, un grand ami, dit une insulte contre ma mère, un coup de poing arrive! C'est normal! C'est normal. On ne peut pas provoquer, on nn eput insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi. Dans un discours, je ne me souviens plus très bien où, le pape Benoît avait parlé de cette mentalité post-positiviste, de la métaphysique post-positiviste qui finit par conduire à croire que les religions ou les expressions religieuses sont une sorte de sous-culture, qu'elles sont tolérées, mais sont peu de chose, elle ne font pas parltie de la culture des Lumières. C'est un héritage des Lumières. Tant de gens mparlent mal des religions, s'en moquent, disons "joue" avec la religion des autres. Ils provoquent, et il peut arriver ce qu'il arrive au Dr Gasbarri s'il dit quelque chose contre ma mère. C'ets une limite. Toute religion a sa dignité, toute religion qui respecte la vie humaine, la personne humaine. Je ne peut pas m'en moquer. Et c'est une limite. J'ai pris cet exemple de la limite pour dire que dans la liberté d'expression il y a des limites, comme celle de maman. Je ne sais si j'ai réussi à répondre à al question. Merci."

L'observatoire de la Christianophobie | Nantes, Neuilly-sur-Seine : les projections de “L’Apôtre” interdites

L'observatoire de la Christianophobie | Nantes, Neuilly-sur-Seine : les projections de "L'Apôtre" interdites

16/1/2015-Nantes, Neuilly-sur-Seine : les projections de "L'Apôtre" interdites

Ce sont deux informations graves qui me sont arrivées hier et aujourd'hui. Elles démontrent deux choses.

1. La "liberté d'expression" que le pouvoir prétend défendre et qui a été l'objet de sa formidable "Manip pour Tous" de dimanche dernier, ne s'applique qu'à Charlie Hebdo et à ses amis. Si vous n'êtes pas "Charlie", bouclez-la en attendant que, pour de vrai, on vous "boucle" comme l'a proposé la journaliste Nathalie Saint-Cricq, responsable du service politique de la chaîne d'État France 2, en déclarant publiquement : « Il faut repérer et traiter ceux qui se sont pas Charlie »

2. Dans son discours hallucinant à la tribune de l'Assemblée nationale, Manuel Valls a déclaré : « Il faut toujours dire les choses clairement : oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme, et l'islamisme radical ». Comme la France ne s'est pas en « état de guerre » – elle n'a déclaré la guerre à aucun pays –, il faut admettre que le Premier Ministre ne dit pas « les choses clairement » sauf s'il sous-entend que nous sommes dans une sorte "d'état d'urgence", non officiellement proclamé mais qui s'accompagnera nécessairement des restrictions prévues par "l'état d'urgence" sur les libertés publiques fondamentales : liberté de manifestation – nous l'avons vu avec la tentative d'interdire le rassemblement de Riposte Laïque ce dimanche 18 janvier à Paris –, ou liberté d'expression…

Les deux projections interdites du film L'Apôtre de Cheyenne-Marie Carron, entrent dans cette dernière catégorie.

1. À Nantes, la Fédération des Associations Familiales Catholiques de Loire-Atlantique avait le projet depuis octobre dernier, d'organiser une projection-débat privée autour du film pour ses adhérents. La date avait été arrêtée (ce 23 janvier), la salle réservée, les droits de diffusion réglés et les invitations lancées en décembre. La réalisatrice a reçu hier, jeudi 15 janvier, le courriel suivant des organisateurs :

« La DGSI [Direction générale de la Sécurité intérieure] nous a vivement conseillés d'annuler notre soirée débat du 23/01 autour de la projection du film "L'Apôtre", devant les risques d'attentats, cette projection pouvant être perçue comme une provocation par la communauté musulmane. Devant ce cas de force majeure, nous sommes contraints d'annuler cette soirée. Nous ne savons pas pour l'instant à quelle date il nous sera possible de reprogrammer cette soirée. »

2. L'association Bible à Neuilly (Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine) avait programmé, pour le 12 janvier dernier, une projection-débat autour de L'Apôtre. Elle a du annoncer le 9 janvier dernier le « report » de cette soirée prévue au cinéma Le Village :

« Vu les circonstances actuelles, le Commissariat de Police de Neuilly nous a demandé de reporter la séance du ciné-débat organisée par Bible à Neuilly sur le film "L'Apôtre" prévue initialement lundi [12 janvier] prochain au cinéma Le Village. Les places déjà achetées pourront être utilisées pour la séance prochaine dont la date vous sera communiquée ultérieurement, dès qu'elle sera fixée.Nous regrettons ce report, d'autant plus que les places avaient déjà été presque toutes pré vendues et que ce film et le débat suscitent, par leur actualité, un très grand intérêt. »

Ces deux événements, que je ne peux qualifier autrement que de graves, appellent quelques commentaires de ma part.

1. Le film L'Apôtre, lors de son exploitation en salles, n'a enregistré aucune manifestation hostile de musulmans français. Aucune fatwa, que je sache, n'a été lancé contre lui ou sa réalisatrice. Il a été salué par la presse (y compris la presse de gauche…) comme un film équilibré et sensible sur la question de la conversion, et respectueux des musulmans – la plupart des acteurs du film sont musulmans ! Le film ne peut donc en rien être susceptible de « provocation » contre « la communauté musulmane ».

2. Je crois, et je le dis avec le plus de délicatesse possible, que les organisateurs ont eu tort de céder aux « demandes » et « conseils » des services de police. D'abord parce qu'en y déférant on laisse entendre qu'on reconnaît que ce film pourrait être, au fond, islamophobe et dangereux. Ensuite, parce que si les services de police ont des informations précises ou des rumeurs, leur devoir est de protéger les lieux où la liberté d'expression s'exprime et non d'interdire la liberté d'expression. Enfin, parce c'est un très mauvais service que l'on rend à la liberté d'expression dans notre pays, si on la sacrifie sur simple injonction administrative, sans jugement d'un tribunal ou arrêt d'un maire. Si on commence à se soumettre pour des choses aussi légères, c'est qu'on est prêt à faire aussi le sacrifice de plus grandes libertés. Le pouvoir saura bien tenir compte de ces deux modestes tests… Rien ne justifie qu'on accepte d'annuler ou de « reporter » la projection privée d'un film non interdit en France. Faudra-t-il que ceux qui ont acheté son DVD aillent se dénoncer au plus proche commissariat de police et le restituent à l'autorité ? J'exagère à peine… En tout cas, et je le maintiens, ces deux événements sont graves et lourds de menaces.

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Si un journal libanais publie une caricature du prophète, il sera déféré devant la justice - Matthieu KARAM - L'Orient-Le Jour

Si un journal libanais publie une caricature du prophète, il sera déféré devant la justice - Matthieu KARAM - L'Orient-Le Jour
Du 14-1-205-Si un journal libanais publie une caricature du prophète, il sera déféré devant la justice

Alors que la presse internationale est divisée sur le fait de publier ou non des caricatures du prophète, le débat est tranché au Liban : aucun média n'a publié, en gros plan du moins, la une de l'édition du jour de Charlie Hebdo. Le magazine lui-même n'est pas disponible au Liban.

Pour son premier numéro depuis l'attaque meurtrière perpétrée mercredi dernier contre la rédaction, le magazine satirique a publié en une une caricature du prophète, sur fond vert, couleur de l'islam. Mahomet, la larme à l'œil, porte une panneau sur lequel est écrit "Je suis Charlie", son visage étant surmonté du message "Tout est pardonné".

Si un organe de presse libanais avait publié cette une, cela "n'aurait pas échappé" à la censure, affirme une source haut placée au sein du bureau censure de la Sûreté générale (SG). "Toute atteinte à la religion et à sa dignité est censurée", affirme-t-elle à L'Orient-Le Jour.

(Dans le décret-loi n° 2 873, promulgué le 16/12/1959 et notamment son article 9 relatif à la direction de surveillance des imprimés, il est indiqué que la censure agit notamment sur base du respect des sentiments et des sensibilités des citoyens, et pour éviter d'attiser les dissensions racistes et religieuses et que des indications d'application ont été adoptées pour organiser la censure et apporter des éclaircissements aux principes mentionnés dans les lois en vigueur notamment en ce qui concerne ce qui nuit aux religions et appelle à l'adoration de Satan) Plus d'informations ici

Que serait-il arrivé si un organe de presse libanais avait décidé de publier la une de Charlie Hebdo sur laquelle figure une caricature du prophète ? "L'organe en question aurait immédiatement été déféré devant le tribunal des imprimés afin d'analyser le dossier", précise la source qui souligne que des sanctions pouvant aller jusqu'à la "fermeture" de l'organe peuvent être envisagées. "La décision finale revient au ministre de l'Intérieur", précise néanmoins la source.

Pour Ayman Mehanna, directeur de l'ONG SKeyes pour la liberté de la presse, tout est question d'interprétation. "La loi sur les imprimés interdit la publication de ce qui incite à la discorde confessionnelle et porte atteinte à la religion ou au culte. Le code pénal interdit également tout ce qui porte atteinte à l'entité divine, explique-t-il. A partir de là, tout est ouvert à interprétation". 

"Des peines de trois à six ans de prison"

Pierre el-Khoury, professeur et avocat spécialisé en droit des médias et des nouvelles technologies, rappelle lui que la liberté d'expression et de la presse est inscrite dans la Constitution libanaise (Art. 13 "La liberté d'exprimer sa pensée par la parole ou par la plume, la liberté de la presse, la liberté de réunions et la liberté d'association sont garanties dans les limites fixées par la loi").

En matière juridique, les organes de presse écrite tombent sous le coup de la loi sur les imprimés, qui date du 14 septembre 1962, à laquelle sont venus s'ajouter certains textes de lois, dont le décret-loi 104 du 30 juin 1977 sur les imprimés qui énumère les "interdictions de publier".

Dans l'affaire des caricatures, en cas de publication d'un dessin représentant le prophète, certains pourraient invoquer une atteinte aux bonnes mœurs, une diffamation, une atteinte à l'ordre public, précise Me Khoury.

La diffamation, la calomnie et l'injure sont listés dans l'article 20, chapitre 5 de la partie 1 de la loi sur les imprimés, avec des peines prévues de 3 mois à un an de prison. Dans l'article 75 du chapitre 2 de la partie 3, il est écrit que les marchands de journaux n'ont pas le droit de proposer un contenu contraire aux bonnes mœurs ou portant atteinte au sentiment national ou religieux ou à l'union nationale.

Dans le décret-loi 104, il est stipulé que l'injure et la diffamation sont considérées comme particulièrement graves si elles ont pour objet les ministres, les membres du Parlement, les fonctionnaires et les groupes de personnes en raison de leur origine, de leur appartenance à une ethnie, race ou religion. Le décret-loi 104 prévoit également une peine de détention préventive dans les cas concernant l'atteinte à la dignité du président de la République par la diffamation, l'injure ou l'outrage ou tout ce qui peut constituer un outrage envers les religions et troubler la paix publique ou susciter des dissensions confessionnelle. (source : rapport sur la censure au Liban établi en mars 2003 par l'ONG Nouveaux droits de l'homme au Liban, qui a un statut consultatif auprès des Nations Unies)

L'affaire de la publication peut également tomber sous le coup de l'article 473 du code pénal libanais qui réprime le blasphème public du nom de Dieu, et l'article 474 qui punit l'outrage public à l'un des cultes célébrés en public ou l'incitation au mépris de ces derniers.

Ces articles ont été invoqués à plusieurs reprises dans le cadre de plaintes contre le virtuose libanais du oud, Marcel Khalifé. Ce dernier a été poursuivi en 1996, 1999 et 2003, pour sa chanson Je suis Joseph, Oh Père, écrite par le poète palestinien Mahmoud Darwiche, rappelle M. el-Khoury. M. Khalifé était accusé d'insulter les valeurs religieuses en incluant deux lignes de versets d'un chapitre du Coran. Le procureur reprochait à l'artiste d'"insulter les valeurs religieuses en utilisant un verset du Saint Coran sur Joseph dans une chanson". Le chanteur et compositeur risquait entre six mois à trois ans de prison pour insulte publique de la religion (article 474 du Code pénal libanais) et un mois à un an de prison pour blasphème (article 473 du Code pénal). Ghada Abou Karroum, la juge chargé du procès, avait rejeté la demande du procureur, et déclaré le chanteur innocent.

En rupture de stock à travers la France quelques heures seulement après avoir été massivement distribué dans les points de vente, le premier numéro post-attentat de Charlie Hebdo n'est pas disponible au Liban, a confirmé à L'Orient-Le Jour un responsable au sein de la société Messageries du Moyen-Orient de la Presse et du Livre (MMO), qui importe notamment des titres de la presse étrangère. "Nous n'avons pas le titre dans nos commandes. Nous avons contacté l'éditeur de l'hebdomadaire, mais celui-ci n'avait aucun numéro prévu à l'export à destination de Beyrouth", indique la source au sein des MMO. Les Messageries n'ont d'ailleurs jamais importé de "Charlie Hebdo" à destination du marché libanais, et ce en raison du "faible rendement" du journal avant l'attentat, ajoute la source. Propos confirmés par la source au sein de la Sûreté générale, qui affirme n'avoir jamais enregistré d'entrée de numéros de Charlie Hebdo au Liban.

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