La 19e édition des Journées d'Études François de Sales, les 22 et 23 janvier à Annecy, a permis aux journalistes de la presse chrétienne de revenir sur les attentats contre « Charlie Hebdo », et la manière dont il en a été rendu compte.
Parmi les invités, François Sureau, avocat, prix 2011 des écrivains croyants, analyse à quelles conditions des médias catholiques peuvent traiter l'événement
« L'actualité que nous traversons devrait conduire les catholiques à dépasser l'événement, à sortir de l'émotion, pour aider à la réalisation du bien commun, ce à quoi la doctrine même de l'Église nous appelle.
En apparence, les catholiques peinent à trouver leur place dans un monde où les problématiques du Salut tendent à s'affadir. En réalité, si l'Esprit est à l'œuvre, il faut savoir en discerner les signes.
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Du côté de la liberté
Prenez Voltaire, dont on a beaucoup parlé à propos de Charlie Hebdo. Voltaire a tort s'il dit qu'il n'existe pas de vérité qui vaille. Il a raison lorsqu'il dit qu'en tout état de cause nulle vérité ne peut recourir à la contrainte étatique ou sociale. Voltaire a fait progresser le monde, et les adeptes d'une foi fondée pour l'essentiel sur la libre réponse à un appel personnel devraient s'en souvenir.
Les catholiques doivent donc se situer résolument, comme Maritain l'avait bien vu lors de la dernière guerre, du côté de la liberté quels que soient les excès possibles de ses manifestations.
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À la fois dedans et dehors
Mais d'un autre côté, ils ne peuvent se satisfaire d'une liberté pour elle-même, dont l'exercice dispenserait de juger de ses effets. Et ces effets doivent être rapportés à ce qui compte avant tout : l'émancipation de la personne humaine, dans les conditions matérielles où elle vit.
Nous serons du côté, bien sûr, des défenseurs des droits de l'homme : mais la « religion des droits de l'homme » n'est pas la nôtre, non plus qu'aucune autre idolâtrie, de la nation, de l'État ou du marché.
L'espérance est à chercher sur ce chemin-là : la participation résolue des catholiques à la définition d'un projet national qui serve l'émancipation de la personne, en s'appuyant d'abord sur la liberté, en premier lieu la liberté de conscience.
Cette participation est exclusive de toute revendication « culturelle », de toute contrainte. De tout espoir aussi de voir se réaliser ici-bas la cité idéale. C'est le paradoxe du chrétien, d'être à la fois dedans et dehors, révolutionnaire et conservateur, prêt à aider mais se méfiant des idoles que les hommes ne cessent d'adorer à la place du Dieu absent. »
Envoyé de mon Ipad
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