« Saint-Père, sauvez le Liban ! », ou la petite histoire de l’engagement de Jean-Paul II en faveur de l’unité du pays du Cèdre (*)

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Par Fady NOUN | 30/04/2011

Le Liban est fait pour l’unité. Au palais de Baabda, le Saint-Père rencontre cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, cheikh Mohammad Rachid Kabbani et cheikh Mersel Nasr.
Le Liban est fait pour l’unité. Au palais de Baabda, le Saint-Père rencontre cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, cheikh Mohammad Rachid Kabbani et cheikh Mersel Nasr.
Béatification « La disparition du Liban serait sans aucun doute l'un des plus grands remords du monde. Sa sauvegarde est l'une des tâches les plus urgentes et les plus nobles que le monde d'aujourd'hui se doive d'assumer (...) L'Église désire manifester au monde que le Liban est plus qu'un pays, c'est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l'Orient comme pour l'Occident. »

La lettre adressée par Jean-Paul II, en octobre 1989, à tous les évêques de l'Église catholique contient la célèbre formule qui, réduite à sa plus simple expression, résumera aux yeux des Libanais ce qu'ils savent certes, mais obscurément : leur pays est « un message ». Il a son identité propre, sa vocation historique.
La formule a fait fortune. Il n'y a pas une semaine où elle n'est pas citée par l'un ou l'autre de nos leaders politiques ou religieux pour exprimer leur idéal de ce que devrait être notre pays, enfin débarrassé des allégeances politiques et idéologiques conflictuelles qui le déchirent.

C'est un fait : dès son élection en 1978, Jean-Paul II a été étroitement mêlé à l'histoire de la guerre du Liban. L'attention extraordinaire qu'il a manifestée à notre égard et qui l'a conduit à consacrer au Liban, en 1997, une assemblée spéciale du synode des évêques pour notre pays, a une explication. L'évocation de cette histoire nous permet de percevoir comment une trame providentielle se tisse dans l'épaisseur de nos actions quotidiennes, comme à notre insu.
Des historiens l'ont affirmé : le Liban, né en 1943 d'un pacte conclu entre chrétiens et musulmans, aurait pu se désintégrer sous l'action conjuguée des pressions externes et internes, notamment en raison du caractère hétérogène de sa société. Le fait que cet éclatement ne se soit pas produit est dû à un ensemble de causes. Le rôle préventif éminent joué sur ce plan par Jean-Paul II et la diplomatie vaticane mérite évidemment plus qu'un article. Il a été déterminant. Nous en évoquons ici les grands traits.

Une vocation
Nul n'a souligné plus fortement que le grand pape la vocation à l'unité des Libanais. Il l'a fait de façon répétée, insistante, adressant aux Libanais message après message, et faisant prier pour le Liban les évêques du monde entier, à l'encontre même des aspirations de certaines forces politiques chrétiennes au Liban, tentées par la partition.
À tous ceux qui s'interrogent sur ce qui a concrètement encouragé Jean-Paul II à se pencher avec tant de constance sur le dossier Liban, voici un récit surprenant. Il touche à ce qu'on appelle la « petite histoire », mais n'en est pas moins révélateur. On le doit à Gilberte Doummar, une mère de famille membre du mouvement des Focolari, qui a représenté le Liban de longues années durant au Conseil pontifical pour l'apostolat des laïcs. À ce titre, elle s'est souvent rendue au Vatican et a rencontré, à diverses reprises, le pape et ses proches collaborateurs.
Voici son témoignage : « C'était en 1984, pour la première assemblée du Conseil pontifical pour l'apostolat des laïcs, raconte-t-elle. Nous étions réunis dans la salle Clémentine. Le cardinal Pironio, alors président de ce Conseil, me présente au pape. Je le remercie pour tout ce qu'il fait pour le Liban, et il me dit : "Oui, le Liban est au centre de mes préoccupations, de mes prières". »
Le soir même, je rencontre un ami de longue date du pape, l'écrivain Stephane Vilkanovitch, auquel je dis : « Le Saint-Père a un amour spécial pour le Liban. Comment, d'où cela lui vient-il ? » Il me répond : « J'ai rendez-vous avec lui ce soir. Je lui poserai la question. »
Le lendemain, il me dit : « J'ai la réponse. La voici. Quand, en octobre 1978, après son élection, il est sorti saluer la foule sur la place Saint-Pierre - et bien sûr, à l'époque, les calicots et banderoles étaient défendus -, un calicot est apparu subitement, sur lequel était écrit : "Saint-Père, sauvez le Liban !" avant d'être prestement escamoté. Et, a dit le Saint-Père, cela lui est entré au cœur "comme un dard". À la fin des festivités, après avoir salué tout le monde, il est rentré s'agenouiller devant le Saint-Sacrement et a demandé à Jésus, présent dans l'Eucharistie, "assez de vie pour pouvoir sauver le Liban". »
Et voilà comment un simple geste peut imperceptiblement infléchir le cours de l'histoire ! Dès 1978, Jean-Paul II avait déjà fixé pour objectif à la diplomatie vaticane d'empêcher l'éclatement du Liban. Et Dieu a non seulement donné assez de vie à Jean-Paul II pour « sauver le Liban », il le lui a même sauvée, de son propre aveu, lors de l'attentat du 13 mai 1981, pour lui permettre d'achever la mission particulière qu'il s'était assignée et qui, naturellement, s'insère dans une trame globale aux dimensions du monde.
Jean-Paul II ne l'a jamais caché. Il croit fermement que le 13 mai, date anniversaire des apparitions de Fatima en 1917, il doit la vie sauve à une intervention miraculeuse de la Vierge. « Une main a tiré, une autre a détourné la balle », a-t-il confié à André Frossard.
« Ce qui importait surtout au pape, confie Gilberte Doummar, c'est son unité. Il voulait que les chrétiens œuvrent pour l'unité du Liban. En mars 1986, le Saint-Siège, sous son impulsion, avait lancé un plan de sortie de la guerre que le cardinal Achille Silvestrini, principal figure diplomatique du Vatican sous son pontificat, fut chargé de mettre en œuvre. Il tentera en particulier de réunir un sommet national islamo-chrétien. Mais le cardinal Silvestrini échouera à opérer une brèche dans le mur que la Syrie avait dressé entre les Libanais, comme l'affirme Antoine Saad dans l'ouvrage de souvenirs autobiographiques qu'il a consacré au patriarche Nasrallah Sfeir.
Auparavant, le Vatican s'était employé, en vain, à empêcher l'armement des milices chrétiennes, estimant que les voies de la paix étaient préférables à celles de la violence. Le Saint-Siège avait même reproché à certains responsables d'ordre monastique d'avoir « oublié leur vocation en fournissant des armes aux chrétiens ».

Faites prier pour le Liban
« En 1987, reprend Gilberte Doummar, après l'échec de la mission Silvestrini, très triste et avec un geste las de la main, il m'avait dit : "Priez, faites prier pour le Liban." Quand il a déclaré le "Liban pays message", il voyait d'un regard prophétique ce que pouvait donner le Liban, le rayonnement, la mission très grande qu'il pouvait avoir. Le Liban est fait pour l'unité. Le pape avait le don de voir ce que nous ne voyons pas. »
Le pape finira par atteindre, en partie, son objectif, du moins sur le plan spirituel. Il convoqua une assemblée spéciale du synode des évêques sur le Liban. Celle-ci se tint à Rome en 1995. Deux ans plus tard, Jean-Paul II se rendra au Liban (10-11 mai 1997) pour y remettre solennellement l'Exhortation apostolique postsynodale, « Une espérance pour le Liban », aux différents représentants des Églises catholiques et à la jeunesse de notre pays. Le document consacra, contre vents et marées, sa vision pour notre pays.
Beaucoup de chrétiens et de musulmans se sentirent interpellés par cette charte spirituelle, attirés à ce banquet de l'histoire. « Pour les chrétiens, estime le chercheur Fadi Daou, c'était passer d'une phase où ils s'étaient conduits comme si le Liban leur appartenait à une phase où le Liban, partie de leur identité, devenait un message à transmettre, un projet à faire advenir, un modèle à servir. »

(*) Cet article est extrait d'un ouvrage de Fady Noun, « Dévastation et rédemption, récits d'apparitions de la Vierge au Liban », à paraître dans une collection spéciale de la faculté des sciences religieuses de l'USJ.

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فيلم بشر والهة

 الاخبار في  5 -4 -2011
فيلم"الهة وبشر " يروي استشهاد رهبان فرنسيين في الجزائر يستحق المشاهدة في صالات بيروت

   
يستعيد كزافييه بوفوا المذبحة التي أودت بحياة رهبان فرنسيين خلال العشرية الدموية في الجزائر. لقي الفيلم حفاوة في الغرب، ومقاطعة في المقلب الآخر... فماذا عن الجمهور اللبناني؟
يزن الأشقر
في عام 1996، وفي عزّ العشرية الدموية التي شهدتها الجزائر، اختطفت جماعة إسلامية سبعة رهبان فرنسيين مقيمين في دير أطلس في قرية تيبحيرين جنوب الجزائر العاصمة، وعُثر عليهم لاحقاً جثثاً مقطوعة الرأس. الجماعة الإسلامية أعلنت في ذلك الوقت تبنيها للعملية التي سببت اضطراباً في العلاقات الجزائرية الفرنسية. لكن لاحقاً، تضاربت الروايات في القضية التي ما زالت تشغل المجتمع الفرنسي حتى الآن. وفي معلومات كشفت لاحقاً، تبين أنه قد يكون للجيش الجزائري دور في مقتل الرهبان.
من هذا الحدث، ينطلق فيلم المخرج الفرنسي كزافييه بوفوا «بشر وآلهة» (2010)، متتبعاً المرحلة الأخيرة من حياة الرهبان وسط تصاعد المعارك بين الجيش الجزائري والجماعات الإسلامية المسلحة، واقتراب التهديد من دير سيدة الأطلس في قرية تيبحيرين. الشريط الذي أسال الكثير من الحبر والجدل بسبب تلميحه إلى ضلوع الجيش الجزائري في مقتل الرهبان، حظي بحفاوة نقدية وجماهيرية في فرنسا، مقابل إدانة جزائرية، ومنع عرضه في الصالات المحلية. في البداية، نرى التعايش المشترك بين سكان القرية الفقراء ورهبان الدير الذين يقدمون المساعدة الطبية المجانية للسكان، ويحضرون الاحتفالات. لكن مع انتشار خبر مقتل بعض السياح الأوروبيين على أيدي الجماعة المسلحة، يدبّ الذعر في سكان القرية المستنكرين لتشدد الجماعة الغريب عنهم، وذعر بعض رهبان الدير خصوصاً عندما يرفض رئيس الدير الراهب كريستيان (لامبير ويلسون) عرض الجيش الجزائري بتوفير حماية عسكرية لهم. هذا الذعر الطارئ هو ما يشكل النواة الرئيسية التي يلعب عليها مخرج الفيلم ببراعة بإسقاطه بعض المفاهيم الدينية على الحبكة.
من هنا، تمثّل النظرة المقربة إلى الحياة اليومية المتواضعة التي يعيشها الرهبان، أساس الفيلم. بلقطات جميلة، نشاهد روتينهم اليومي من الصلوات والأعمال البسيطة التي يقومون بها مثل الزراعة أو الطهي. انتشار الذعر بين الرهبان يبدأ بعد اقتراب العنف، ما يعيد مشكلات دينية عدة إلى الواجهة. وسط خوف بعض الرهبان على حياتهم، يحاول بعضهم تقرير ما إذا كانوا يريدون مغادرة الدير أو البقاء، فيبدأ الشك يدب في قلب أحدهم.
النظرة المقربة التي يوفرها الفيلم في لونه الأزرق البارد، والوتيرة الهادئة التي يحافظ عليها، تفاصيل تجعله يأخذ أبعاداً أخرى غير البعد السياسي في قضيته الرئيسية. ما أبهر المخرج ودفعه إلى كتابة سيناريو الفيلم، هو إرادة الرهبان في عدم مغادرة الدير وتفسير ذلك القرار دينياً. من ناحية أخرى، يحاول الفيلم الابتعاد عن إمرار رسائل سياسية مباشرة قدر الإمكان، هذا مع عدم تبيان الأسباب التي تولّد التطرف والعنف. وعدا لقطتين، الأولى تتهم مسؤولاً حكومياً في الاستعمار الفرنسي بأنه السبب الرئيسي في بلاء الجزائر، ورفض الراهب كريستيان الحماية من حكومة فاسدة، تتخذ فكرة التسامح الديني الجزء الأكبر من تلك الرسائل.
وفي لقطات عدة من الشريط، يحاول المخرج إمرار رسائله عن فكرة التسامح عبر الرهبان، سواء من خلال سكان القرية وحياتهم المشتركة مع الرهبان، أو في موقفهم الواضح من الطارئ الغريب الذي جلبه تشدّد الجماعة الإسلامية، وفي مواقف أخرى مثل المواجهة التي حصلت بيد الراهب كريستيان وأحد أفراد الجماعة، وصولاً إلى المشاهد الأخيرة في الفيلم.
الوتيرة الهادئة التي يسير عليها شريط كزافييه بوفوا تمنحه طابعاً تأملياً يحمل ثقل الفيلم الفلسفي. ومنذ الدقائق الأولى التي يفتتح بها الفيلم في تتبعه الهادئ لروتين الرهبان اليومي، يستمر على هذا المنوال التأملي، وقد ساعد في ذلك عدم استخدام الموسيقى في معظم مشاهد الفيلم. هذا التأمل يوجد في ثنائيات الشك والإيمان، والموت والحياة، وتساؤلات القدر. لكن رغم ذلك التتبع الدقيق، يبقى هناك نوع من المسافة بين المشاهد وبين الرهبان ككل. ليست مسافة عاطفية، بل متوازنة، يستطيع المشاهد من خلالها التوجه إلى كل شخصية على حدة ومحاولة فهم طريقة تفكيرها في مواجهتها لهذا الموقف.
من هنا، جاء أحد أسباب نجاح الفيلم، إلى جانب براعة التصوير السينمائي التأملي الذي يبلغ ذروته في مشهد «العشاء الأخير» ولقطاته المقربة وموسيقى بحيرة البجع، وصولاً إلى مشاهد النهاية. الفيلم الذي نال أيضاً جائزة «سيزار» أفضل فيلم، وكاد يسبب أزمة بين الجزائر وفرنسا، هو بالتأكيد أحد أهم إنتاجات السينما الأوروبية في الفترة الأخيرة.
«بشر وآلهة»: «صوفيل» (01/204080 )، سينما سيتي (01/899993)، أمبير دون (01/792123)، إسباس (09/212516)


«وصيّة تيبحيرين»
لم يكن شريط «بشر وآلهة» أوّل عمل في السينما الفرنسيّة، يتناول قضيّة مقتل رهبان تيبحيرين... فقد استلهم كزافييه بوفوا فيلمه الروائي الطويل من وثائقي «وصيّة تيبحيرين»، للفرنسي إيمانويل أودرين. عرض العمل للمرة الأولى على قناة «فرانس 3» في نيسان (أبريل) 2006، وأُطلق في مناسبة مرور عقد كامل على المجزرة التي طالت الرهبان الفرنسيين السبعة. بدأ أودرين العمل على مشروعه بعد سنتين على المجرزة؛ إذ هزّته قراءة وصية تركها أحد الرهبان. لم يبحث العمل في أسباب المجزرة، بل راح يستطلع محيط دير سيدة الأطلس. أراد أن يعرف الأسباب التي جعلت الرهبان يلتزمون الدير، رغم الحرب الأهلية الدائرة حولهم. هكذا، ركز على العلاقة بين سكان الدير، وتفاعلهم مع أهالي القرى المحيطة. استند في ذلك إلى الوصية، وإلى دفتر يوميات تركه أحد الرهبان. استلهم بوفوا الكثير من تفاصيل «وصيّة تيبحيرين»، وخصوصاً لناحية الإضاءة على يوميات الرهبان، وعلاقتهم بمحيطهم الإسلامي