Églises et mosquées, clochers et minarets

Églises et mosquées, clochers et minarets

Maurice Borrmans, 22/11/2011
La querelle engendrée par le referendum suisse du 29 novembre 2009 et son refus final de voir des minarets rendre l’islam trop visible dans l’espace helvétique n’est pas sans poser bien des questions aux opinions publiques européennes et aux responsables civils et religieux des pays occidentaux. Pour ce faire, il nous faut raison garder et surtout bien distinguer les choses : autant églises et mosquées sont requises pour que chrétiens et musulmans y puissent prier selon leurs rites propres et dans la dignité de leur foi, autant clochers et minarets s’avèrent être des éléments architecturaux secondaires dont il convient d’apprécier exactement la nécessité et l’importance. Jean Paul II, lors de sa visite historique à la Mosquée des Omeyyades de Damas, le 6 mai 2001, y a déclaré que « les lieux de prière chers aux musulmans comme aux chrétiens sont comme des oasis où les hommes vont à la rencontre de Dieu Miséricordieux le long du chemin pour la vie éternelle et de leurs frères et sœurs unis par le lien de la religion ». Telle est bien la fonction éminemment religieuse des églises et des mosquées, ainsi que des synagogues. Et c’est bien pourquoi, en 2005, le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, a voulu intitulé Oasis sa revue interreligieuse et multilingue, bi-annuelle, qui s’efforce de réunir, en sa rédaction, responsables chrétiens et penseurs musulmans.
Lieux de culte, lieux de prière, lieux sacrés
Eglises et temples permettent partout aux catholiques et aux orthodoxes, ainsi qu’aux protestants et aux luthériens de se rassembler pour l’eucharistie ou la sainte cène, chaque jour et/ou le dimanche, tout comme il leur est possible de vivre des moments importants de leur culte en des chapelles particulières ou en des lieux plus discrets. Il est certain que cathédrales, basiliques et églises s’inscrivent dans le paysage architectural des villes et des villages d’Europe depuis des siècles, y manifestant ainsi l’importance du patrimoine chrétien pour celle-ci. Les mosquées médiévales ou maghrébines à nombreuses nefs collatérales, prolongeant parfois une vaste cour dont les côtés abritent un cloître continu, s’inscrivent volontiers dans le monde arabe, alors que les mosquées à grande coupole centrale, à l’imitation de l’ancienne église Sainte Sophie de Constantinople, manifestent partout l’influence de l’architecture ottomane dans le monde turc et une partie du Moyen-Orient.
Églises et mosquées se présentent néanmoins partout en des formes très variées, car « les lieux de prière » des chrétiens et des musulmans correspondent à des édifices très diversifiés en fonction de leur liturgie quotidienne ou hebdomadaire, d’autant plus que le dimanche est central pour les premiers puisqu’ils y célèbrent la résurrection de Jésus Christ, leur Seigneur et Sauveur, tandis que le vendredi voit les musulmans rassemblés en leurs mosquées pour la prière du milieu du jour qu’enrichit une double homélie de leur imâm-prédicateur. Certes, les catholiques peuvent se retrouver pour prier les « heures » (laudes et vêpres surtout) en tous lieux, privés ou publics, et pour célébrer l’eucharistie en tout endroit, privé ou public, dont la décence et le recueillement s’avèrent adaptés à sa célébration.
Il n’empêche que l’église dite paroissiale est d’ordinaire le lieu sociologiquement privilégié et architecturalement visible où la communauté chrétienne se retrouve pour prier les « heures » et célébrer l’eucharistie, d’autant plus qu’elle y garde le « saint sacrement » à la disposition de tous pour l’adoration et la communion. L’eau bénite, disponible pour tous, à son entrée, y rappelle que c’est un lieu sacré où d’ordinaire se réalise l’initiation chrétienne grâce au baptême, qui y est témoin de l’entrée dans la communauté. C’est pourquoi le baptistère y est toujours un élément essentiel de son architecture.
Mosquées de proximité et mosquées cathédrales
Les mosquées sont habituellement accompagnées, à leur entrée, de salles d’ablution où les croyants, hommes et femmes en salles séparées, font leurs purifications mineures (lavement des pieds, des mains et du visage) : c’est pourquoi on y entre pieds nus et on y marche sur des tapis, après avoir laissé les chaussures à l’entrée, car tout doit y demeurer propre. Le musulman y accomplit sa prière, orienté vers La Mecque que lui désigne la petite abside appelée mihrâb, auprès de laquelle se trouve d’ordinaire la chaire à prêcher (minbar) du vendredi. Telle est la structure de toute mosquée, et les salles de prière doivent s’y conformer lorsqu’il s’agit d’adapter à cet usage des locaux édifiés pour d’autres buts.
En outre, au cœur même de la cité, si les chrétiens disposent, en sus des églises paroissiales, d’une grandiose cathédrale, de même les musulmans voient s’élever, au centre de leur cité traditionnelle qui dispose de nombreuses « mosquées de proximité », une « mosquée cathédrale (jâmi‘) » appelée à rassembler le peuple lors des grandes fêtes de l’année (« petite fête » de la fin de ramadân, « grande fête » du pèlerinage à La Mecque).Tout comme il y a mille manières d’aménager et d’orner les lieux chrétiens de la liturgie eucharistique et de la psalmodie des « heures », de même en est-il pour les lieux musulmans de prière, bien que l’esthétique y soit conçue très différemment chez les uns et les autres. Si les catholiques privilégient tableaux et statues comme autant de « signes » à méditer, les musulmans ne connaissent que les jeux de la calligraphie qui exaltent les versets coraniques. Qu’en est-il alors de la prière musulmane, appelée salât, laquelle est toujours la même en ses gestes et ses formules, répétant plusieurs unités (rak‘a-s), suivant l’importance relative de chacune des cinq prières prescrites pour chaque jour, quand il s’agit du musulman pratiquant. D’ordinaire, cette prière demande cinq ou dix minutes et peut se réaliser sous forme individuelle en quelque lieu que ce soit et se prolonger par la récitation de quelques versets coraniques.
Il faut donc distinguer les lieux de prière temporaires, dûs à l’initiative privée, les salles de prière (musallâ-s) permanentes (parfois liées à un « centre culturel islamique » doté d’une école coranique et de services sociaux) et les mosquées (masjid-s) construites en tant que telles. D’ordinaire les statistiques officielles ne prennent en compte que ces deux derniers types de lieux de prière, comme le fait l’ensemble des études récentes publiées par Stefano Allievi, Mosques in Europe, Why a solution has become a problem ? A bien interpréter les résultats des enquêtes rassemblées dans cet ouvrage, on aboutit à des constatations inattendues, qui peuvent être considérées comme rassurantes
En effet, selon cet ouvrage, la situation se présente globalement comme suit dans les principaux pays d’Europe occidentale.
  • L’Allemagne (81.900.000 hab.) compte 3.400.000 musulmans, soit 4 % de sa population, avec 2.600 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.269 musulmans.
  • La France (65.400.000 hab.) compte 4.200.000 musulmans, soit 6,5 % de sa population, avec 2.100 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.571 musulmans. 
  • La Grande Bretagne (61.800.000 hab.) compte 2.400.000 musulmans, soit 3,9 % de sa population, avec 1.500 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.600 musulmans.
  • L’Italie (60.200.000 hab.) compte 1.300.000 musulmans, soit 2,2 % de sa population, avec 764 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.702 musulmans.
  • L’Espagne (46.200.000 hab.) compte 1.000.000 musulmans, soit 2 % de sa population, avec 668 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.347 musulmans. 
    • L’annexe qui suit le présent article fournit les statistiques correspondantes pour les autres pays de l’Union européenne.
    Annexe

    • Les Pays Bas (16.500.000 hab.) compte 1.000.000 musulmans, soit 6,1 % de sa population, avec 432 lieux de culte islamiques, soit un pour 2.315 musulmans.
    • La Grèce (11.200.000 hab.) compte 300.000 musulmans, soit 2,2 % de sa population, avec 400 lieux de culte islamiques, soit un pour 625 musulmans.
    • Le Portugal (10.700.000 hab.) compte 40.000 musulmans, soit 0,4 % de sa population, avec 33 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.212 musulmans.
    • La Belgique (10.600.000 hab.) compte 500.000 musulmans, soit 4,2 % de sa population, avec 330 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.364 musulmans.
    • La Suède (9.400.000 hab.) compte 400.000 musulmans, soit 4,2 % de sa population, avec 50 lieux de culte islamiques, soit un pour 8.000 musulmans.
    • L’Autriche (8.400.000 hab.) compte 300.000 musulmans, soit 3,6 % de sa population, avec 200 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.500 musulmans.
    • La Suisse (7.300.000 hab.) compte 400.000 musulmans, soit 5,4 % de sa population, avec 100 lieux de culte islamiques, soit un pour 4.000 musulmans.
    • Le Danemark (5.500.000 hab.) compte 190.000 musulmans, soit 3,5 % de sa population, avec 115 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.652 musulmans.
    • La Finlande (5.400.000 hab.) compte 40.000 musulmans, soit 0,7 % de sa population, avec 40 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.143 musulmans.
    • La Norvège (4.900.000 hab.) compte 120.000 musulmans, soit 2,5 % de sa population, avec 120 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.000 musulmans.
    • Bosnie-Herzégovine (3.800.000 hab.), elle compte 1.500.000 musulmans, soit 40 % de sa population, avec 1.867 lieux de culte islamiques, soit un pour 803 musulmans.

  • Au total, on compterait 16.790.000 musulmans en Europe, avec 10.989 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.528 musulmans.
  • A titre de comparaison, signalons qu’aux Etats-Unis (310.000.000 hab.), il y a entre 5 ou 6 millions de musulmans, avec 1.643 lieux de culte islamiques, soit un pour 3.348 musulmans,
  • et qu’au Maroc, pays islamique (31.600.000 hab.), il y a 19.205 lieux de culte islamiques, soit un pour 1.645.
Les lieux de culte « discrets » sont donc une chose, et les mosquées « visibles » dans le paysage en sont une autre. N’en est-il pas de même pour les lieux de culte catholiques dont l’édification a été autorisée dans les pays du Golfe, du Kuwayt à l’Oman ? 
Il s’agit de grands immeubles sans clocher particulier ni signe distinctif extérieur où se rassemblent les chrétiens pour l’eucharistie et les autres formes de prière liturgique : nulle manifestation extérieure n’y est envisagée, mais de vastes espaces privés y sont entourés d’un mur de clôture pour les rassemblements et les manifestations à l’air libre et à l’usage interne.
Seules les mosquées édifiées comme telles, avec minaret sur rue, dans les grandes villes d’Europe occidentale, témoignent d’une visibilité recherchée dans le paysage architectural. Selon les conditions administratives de chaque pays et les formes d’organisation interne des communautés musulmanes et de leur auto- ou hétéro-financement, ces mosquées témoignent à leur manière d’une intégration plus ou moins réussie ou d’une dépendance extérieure qui n’est pas sans poser des problèmes.
Mais où qu’elles soient édifiées, églises et mosquées sont des oasis accueillantes à ceux et à celles qui les visitent avec respect et y assistent au culte avec déférence, bien qu’il faille regretter qu’en pays de tradition mâlikite (Afrique du Nord) l’entrée des mosquées soit interdite aux non musulmans.

Mission du clocher et du minaret
Mais que dire des clochers et des minarets ? Le fait est qu’ils ne sont pas essentiels au « lieu de prière » des chrétiens et des musulmans. Le clocher est une tour qui pointe vers le ciel la structure de l’église elle-même, mais sa fonction relève du recours à ses cloches qui marquent le temps (comme le fait une horloge) et informe des heures de la messe ainsi que des angelus : rien qui ressemblerait à l’affirmation du credo chrétien auprès des habitants du voisinage. Venant du mot arabe manâra, qui signifie « phare », le minaret, de formes diversifiées selon qu’il est massif à la maghrébine ou élancé à l’ottomane, s’appelle, en arabe, mi’dhana, car c’est de son sommet que la voix du muezzin, cinq fois par jour, appelle à la prière les musulmans du voisinage, en leur répétant plusieurs fois la formule même de la profession de foi islamique, ce qui est tout autre chose qu’une sonnerie de cloches.
Il est certain que, dans les villes modernes, clochers et minarets sont invités à ne pas se faire entendre trop tôt le matin ou très tard le soir, mais encore faut-il bien distinguer leur finalité religieuse :
le clocher respecte la foi personnelle de ceux et de celles qui entendent ses cloches, alors que le muezzin oblige ceux et celles qui écoutent sa voix à entendre et à supporter, convaincus ou résignés, l’affirmation de sa foi islamique, ce qui est asez différent. Là encore ne convient-il pas que, de part et d’autre, on dialogue et on s’explique, d’autant plus que ne manquent pas aujourd’hui les horloges, montres et autres « marqueurs du temps » que la modernité a mis à la disposition individuelle de tous.
Il est aussi vrai que clochers et minarets ont, de surplus, été investis d’une mission de visibilité architecturale dont il faut savoir tenir compte, dans le cadre des traditions locales de l’urbanisme des cités où vivent chrétiens et musulmans, en groupes majoritaires ou minoritaires.
Ne sont-ils pas devenus des « symboles par excellence », d’identité ou de pouvoir ? Certains se sont même parfois employés à les voir rivaliser en hauteur et en importance ! S’il est donc absolument nécessaire d’assurer à tous les croyants, musulmans et chrétiens, des lieux de culte décents et beaux qui correspondent aux exigences des rites qui leur sont respectifs, car tous ont droit à la « liberté de culte », encore faut-il relativiser le rôle secondaire des clochers et des minarets et en mesurer exactement le degré d’utilité et de signification pour les uns et les autres.
Déjà, au cours de l’histoire, les simples « tours », communales ou patriciennes, sont toujours apparues comme les signes d’une certaine affirmation politique. Il en est parfois de même, plus ou moins, des clochers et des minarets, surtout si leur constructiontion relève d’une manifestation ostentatoire et exprime une « prise de possession » du paysage. Il est donc souhaitable que les responsables des commuanutés religieuses et des sociétés civiles dialoguent à ce sujet en toute vérité et amitié. Il n’en reste pas moins vrai qu’églises et mosquées sont appelées à être partout des lieux de prière et des oasis de silence : elles se doivent d’être des « lieux ouverts » de paix et de méditation au cœur de nos cités.
Dans le monde chrétien, bien des églises paroissiales voient (ou toutes devraient voir), matin et soir, un groupe de catholiques prier laudes et vêpres au nom des habitants du quartier ou de la ville, rappelant ainsi à tous qu’elles sont des lieux d’intercession à vocation médiatrice entre la cité des hommes et la « cité de Dieu ».
Maurice Borrmans

http://www.oasiscenter.eu/ar/node/7521

L’Eglise cherche une réponse aux demandes de débaptisation

L’Eglise de France cherche une réponse aux demandes de débaptisation
Officiellement, l’épiscopat ne dispose d’aucune statistique pour évaluer précisément ces demandes, qui arrivent dans tous les diocèses français, mais une étude menée en 2008 faisait état d’un millier de débaptisations par an.
Même marginal, le sujet est sensible pour l’Église de France qui cherche à répondre à ces demandes de manière pastorale.
Anticipons ce phenomene au Liban ,Comment?

utilisation inacceptable de l'image du Saint Père,

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, avait critiqué "une utilisation inacceptable de l'image du Saint Père, manipulée et instrumentalisée dans le cadre d'une campagne publicitaire à des fins commerciales", à propos de l'image montrant un baiser à pleine bouche avec l'imam sunnite de l'université égyptienne Al-Azhar, Ahmed el Tayyeb.

Ces photomontages, réalisés pour la nouvelle campagne publicitaire de Benetton appelée "UNHATE" ("non-haine"), ont été présentés à Paris par Alessandro Benetton, vice-président de Benetton Group. Ils devaient être placardés sur les magasins du groupe dans le monde entier. Il s'agit d'images symboliques - avec une touche d'espérance ironique et de provocation constructive - pour promouvoir une réflexion sur la manière dont la politique, la foi, les idées, même si elles sont opposées et diverses, peuvent amener au dialogue et à la médiation", s'est défendu Benetton.


Celle du pape et de l'imam a été brièvement déployée sous forme de banderole par quatre jeunes gens et photographiée sur un pont, près du château Saint-Ange, à deux pas du Vatican. Une autre image choc a été déroulée devant la cathédrale de Milan montrant le président américain Barack Obama embrassant son homologue chinois Hu Jintao. Peu après la diffusion des images sur internet en Italie, des catholiques avaient réclamé la suspension de cette campagne publicitaire. "Est-il possible que Benetton ne puisse concevoir quelque chose de mieux?", a déploré Luca Borgomeo, président de l'Association des téléspectateurs catholiques italiens. Pour le Vatican, la campagne de Benetton était une "démonstration évidente de comment dans une publicité on peut violer les règles élémentaires du respect envers la personne pour attirer l'attention à travers une provocation".

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/11/16/97001-20111116FILWWW00640-benetton-retire-la-photo-du-pape.php

Le premier débaptisé de France

Dans la Manche, René Lebouvier est le premier débaptisé de France. Dans notre pays, chaque année, un millier de personnes demandent à être débaptisées.

A 71 ans, René Lebouvier est le premier «débaptisé» de France. Invité vendredi d'Yves Calvi sur RTL, il relate sa longue croisade tranchée par la justice le 6 octobre dernier. Ce jour-là, le Tribunal de grande instance de Coutances (Manche) lui donne raison. Depuis des années, ce libre-penseur mène une quête pour que son nom soit effacé du registre de baptême dans lequel il figurait depuis qu'il avait en 1940 reçu ce sacrement.
Le tribunal estime que la présence du nom du plaignant dans les registres de baptême est contraire aux principes garantissant la vie privée. «Je suis d'un milieu très catholique. Au départ, j'avais saisi la CNIL qui m'avait dit que c'était impossible. Le curé de Fleury, mon village me disait la même chose», confie-t-il sur RTL.


http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/11/18/01016-20111118ARTFIG00632-rene-lebouvier-premier-debaptise-de-france.php

Australie : le numérique pour sauver l'industrie du livre

Australie : le numérique pour sauver l'industrie du livre

Selon PricewaterhouseCoopers, en 2011, l'industrie du livre australienne a perdu 280 millions de dollars (environ 208 millions d'euros) de vente au profit de détaillants étrangers. Un rapport d'un groupe de réflexion autour de la stratégie pour l'industrie du livre, mandaté par le gouvernement, estime qu'en 2014 cette perte pourrait atteindre 500 à 800 millions de dollars (environ 372 à 596 millions d'euros).

En 2010, le secteur du livre pesait 2,3 milliards de dollars (environ 1,7 milliard d'euros) dont 35 millions de dollars (environ 26 millions d'euros) soit 1,5 % provenant de la vente d'ebooks. Selon le rapport en 2014, la vente d'ebooks devrait représenter 24,6 % avec 150 à 490 millions de dollars (environ 111 à 365 millions d'euros) sur un marché total estimé à 2,8 milliards de dollars (environ 2 milliards d'euros).

Le siège de « Charlie Hebdo » ravagé par un incendie
À la veille de la publication d’un numéro rebaptisé « Charia Hebdo » représentant en Une la caricature du prophète de l’islam Mohammed, les locaux de l’hebdomadaire satirique ont été partiellement détruits par les flammes.
La piste criminelle est privilégiée par la police.
Avec cet article
Un incendie a détruit dans la nuit du mardi 1er  au mercredi 2 novembre la rédaction et les outils de production de l’hebdomadaire Charlie Hebdo , installés dans le XXe  arrondissement de Paris. L’incendie a été maîtrisé et n’a fait aucun blessé. Il a été provoqué par un jet de « cocktail molotov », selon une source policière.
L’enquête ne fait que débuter, mais le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, qui s’est rendu sur place le 2 novembre, a condamné « ce qu’il faut bien appeler un attentat ». Personne n’a été interpellé, mais « la police nous dit que deux personnes ont été vues en train de partir peu de temps avant le déclenchement de l’incendie », a précisé le dessinateur Charb, directeur de la publication.
L’hebdomadaire satirique avait décidé de faire de Mohammed, le prophète de l’islam, le « rédacteur en chef » de son numéro du mercredi 2 novembre. L’objectif était de « fêter » de façon ironique la victoire aux élections constituantes tunisiennes du parti islamiste Ennahda. Sous-titré Charia Hebdo , le journal revenait également sur la volonté du Conseil national de transition libyen de faire de la charia la principale source de sa législation. En Une, un dessin représente une caricature du prophète musulman menaçant son lecteur de « 100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire ! ».

« Pour le printemps arabe, contre l’hiver des fanatiques »

Sans vouloir « préjuger des responsabilités de cet attentat », Claude Guéant a déclaré « qu’un certain nombre de messages de menaces qui ont été reçus par Charlie Hebdo  amène à ne pas négliger » la piste des intégristes musulmans. « Sur Twitter et Facebook, a précisé Charb, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d’insultes » à la suite de l’annonce de la publication de ce numéro du journal. La direction s’apprêtait à transmettre ces missives à la police.
Par ailleurs, son site Internet a également été piraté et remplacé par une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ce slogan : « No God but Allah » (« Pas d’autre Dieu qu’Allah »). La rédaction de l’hebdomadaire a assuré « être contre tous les intégrismes religieux, mais pas contre les musulmans pratiquants ». « Nous sommes pour le printemps arabe, contre l’hiver des fanatiques », a-t-elle ajouté.
Charlie Hebdo  avait déjà reçu des menaces en 2006 lors de la publication des caricatures de Mohammed qui avaient fait scandale dans le quotidien danois Jyllands-Posten , mais elles n’avaient « jamais abouti à rien », a souligné Charb. Le directeur de la publication de l’époque, Philippe Val, avait été relaxé en 2008 après une plainte de la Grande Mosquée de Paris et de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), la justice ayant jugé que les caricatures ne constituaient pas « une injure » à l’égard des musulmans car elles visaient « clairement une fraction » de la communauté musulmane.

Incendie unanimement condamné

L’incendie a été unanimement dénoncé par des personnalités de droite et de gauche, des associations antiracistes et par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Ce dernier a toutefois rappelé que « caricaturer le prophète est considéré comme une offense pour les musulmans ». Le premier ministre, François Fillon, a fait part de son « indignation », tandis que le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a estimé « qu’il n’y a pas de démocratie sans irrévérence, sans parodie ou sans satire ».
« Le fondamentalisme religieux sous toutes ses formes doit être dénoncé », a réagi François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, ajoutant que « le combat pour la liberté d’expression demeure, hélas, d’une désolante actualité ».
Provisoirement hébergé dans les locaux de Libération , le journal n’est pas certain de sortir à nouveau mercredi 9 novembre. S’il paraît, le médecin urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo , compte proposer comme manchette : « Même pas peur ». En attendant, le journal tiré à 75 000 exemplaires s’est arraché au matin du 2 novembre dans les points de vente et un nouveau tirage est en cours.
STÉPHANE DREYFUS (avec AFP)