Cyberattaque contre TV5 : "une quasi-première mondiale" - Le Point

Cyberattaque contre TV5 : "une quasi-première mondiale" - Le Point

Par son ampleur, sa durée et sa nature, le piratage de la chaîne TV5Monde mercredi soir, par des hackers se revendiquant de l'organisation État islamique, constitue "une quasi première mondiale", selon Loïc Guézo, directeur stratégie de Trend Micro pour l'Europe du Sud. Interview.

Est-ce facile de pirater l'antenne et les programmes d'une télévision ou d'une radio ou est-on dans le domaine du jamais-vu ?

Loïc Guézo : L'antenne est LE joyau de la couronne, donc le Saint Graal. A priori, tout est mis en oeuvre pour que l'on ne puisse pas y porter atteinte. Avec l'interruption de la diffusion des programmes pendant plusieurs heures, on est ici dans une quasi première mondiale. Le seul cas comparable est une attaque massive en Corée du Sud en mars 2013 qui avait visé des institutions, des banques, et des médias.

À quel point est-il facile pour les pirates de pénétrer des sites internet de grands médias ?

Les médias sont, par nature, ouverts sur le monde. Actuellement, les sites web et les réseaux sociaux (Twitter, Facebook) font partie intégrante de leur dispositif professionnel, mais aussi de la vie personnelle de leurs collaborateurs. Le mail est omniprésent... Or, la plupart des attaques ciblées commencent par l'envoi d'un mail anodin, présentant un objet intéressant, venant d'une connaissance et avec une pièce jointe mal intentionnée. Avec les moyens appropriés, en partant de ce premier point, les pirates vont scanner les postes voisins, les serveurs, les infrastructures, s'y déplacer, s'y installer virtuellement et procéder à la collecte d'informations, à l'installation d'outils spécifiques ou à l'exfiltration de données. Ce processus s'effectue selon l'objectif suivi, qu'il s'agisse d'intelligence économique ou de destruction par exemple. Sans parler des autres points d'entrée possibles : mots de passe faibles, vulnérabilités de systèmes mal maintenus ou sécurité d'infrastructure trop faible par design.

Y a-t-il une fragilité plus importante des sites de médias par rapport par exemple à ceux des institutions ?

Les médias sont très sensibilisés au risque de non-parution ou d'intrusion en plateau. Mais avec la numérisation galopante de leur activité, ils doivent faire face à de nouveaux dangers numériques dont ils n'ont pas forcément encore pris conscience, ou pour lesquels ils sont encore en train de déployer les solutions adaptées. En termes d'impact de communication vu du côté attaquant, ils constituent une cible de premier choix.



Envoyé de mon Ipad 

Aucun commentaire :