Terrorisme : la France bloque pour la première fois des sites web
L'accès à cinq sites internet accusés de faire l'apologie du terrorisme est bloqué depuis la fin de la semaine dernière, une première depuis la mise en place de cette mesure administrative le 6 février, a-t-on appris lundi auprès du ministère de l'Intérieur. Parmi ces sites internet figure celui d'al Hayat Media Center, une branche du groupe État islamique chargée de sa communication, ou encore le site islamic-news.info, selon cette source. Tous sont catalogués par la place Beauvau comme "se livrant à l'apologie du terrorisme" et diffusant des images de décapitation et relayant la propagande et les discours d'EI.
"En phase d'évaluation et de rodage"
L'ordre de blocage a été émis par l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC), chargé de la lutte contre la cybercriminalité à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Les fournisseurs d'accès, auparavant identifiés par les services de renseignements, ont ensuite eu 24 heures pour appliquer la décision."Nous sommes en phase d'évaluation et de rodage", a insisté un représentant du ministère de l'Intérieur devant la presse, "nous allons voir comment cela va répondre en face". Il a reconnu que l'ordre de blocage a été donné au fournisseur, mais pas à l'hébergeur ou l'éditeur des sites - ce qui serait plus efficace - "qui n'ont pas été identifiés". En dépit de cette faiblesse dans le dispositif, Beauvau a précisé que d'autres opérations de même type allaient viser d'autres sites, "plusieurs dizaines" étant potentiellement concernés.
"Ce ne sont pas des sites d'opinion", dit-on à l'Intérieur afin d'anticiper d'éventuelles critiques sur la liberté d'expression sur internet. "L'apologie est un délit, il n'y a aucune ambiguïté possible sur ces sites là." "C'est la déclinaison concrète de la loi antiterroriste de novembre 2014", a déclaré le député socialiste Sébastien Pietransanta, un spécialiste de ces questions récemment chargé par le Premier ministre Manuel Valls de travailler, auprès du "patron" de la place Beauvau Bernard Cazeneuve, sur les phénomènes de radicalisation islamiste. "Il faut continuer dans cette voie", a-t-l dit.
Loi sur le renseignement
Cette possibilité de blocage administratif des sites internet soupçonnés d'apologie du terrorisme est l'une des mesures phares de la loi antiterroriste adoptée en novembre. Elle avait été critiquée par la commission consultative des droits de l'homme, autorité administrative consultative du gouvernement, qui estimait l'intervention d'un juge nécessaire pour ordonner et contrôler le retrait d'un contenu illicite et le blocage d'un site internet. Parmi les autres mesures de cette loi antiterroriste figure l'interdiction administrative de sortie du territoire des candidats au djihad. Six Français âgés de 23 à 28 ans qui s'apprêtaient à partir en Syrie ont ainsi vu leurs passeports confisqués à la mi-février pour six mois renouvelables pendant deux ans.
Mercredi en conseil des ministre sera présentée une loi sur le renseignement, conséquence directe des attentats survenus en janvier en France et qui ont fait 17 morts.
Envoyé de mon Ipad
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